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Se rendre au Clos Lucé, ce voyage immersif au cœur des œuvres du plus grand génie de la Renaissance !

De ce château des bords de Loire loti dans la ville d’Amboise, ne vous attendez pas à de la magnificence. Non, mais il offre beaucoup plus. Il offre le pouvoir de l’imagination, celle de toucher au plus près à la vie et à l’oeuvre de Léonard de Vinci. Magie des lieux ! Oui, il est bien mort ici dans sa chambre du Clos Lucé, loin de sa Toscane natale. Alors qu’on célébrait les 500 ans de sa disparition en 2019, le Clos Lucé est devenu le château le plus visité des châteaux de la Loire après Chambord et Chenonceau. Car, ici tout se veut sous le signe du peintre de la Joconde, universellement connu ; de cet architecte de génie qui toucha à tout (domaines civil, militaire, religieux jusqu’à l’éphémère) ; de cet urbaniste précurseur ; de ce mathématicien hors pair ; de cet inventeur-ingénieur qui sut créer des machines de demain… et, de ce vieil homme aux talents intacts qu’un tout jeune roi persuada de quitter Rome pour les bords de la Loire !

Sommaire

I/Le Clos Lucé, 800 ans d’Histoire dont 3 années transcendées par la présence de Léonard de Vinci

II/Les nouvelles galeries Léonard de Vinci, nouvel espace immersif

III/Les jardins de Léonard du Clos Lucé, musée en plein air

IV/Quand le Cos Lucé accueille ses visiteurs

François Saint Bris président du Château du Clos Lucé (sa famille est propriétaire du château depuis 1855) devant les galeries Léonard de Vinci peintre et architecte. Elles ont été inaugurées en 2021. Elles mettent en lumière les travaux de Léonard de Vinci sur l’architecture et la peinture. (Photo dico-du-patrimoine)
Au Clos Lucé, spectacle immersif dans la célèbre peinture de la Cène, chef d’œuvre de Léonard de Vinci qui se trouve sur la paroi nord du réfectoire du couvent dominicain de Sainte-Marie-des-Grâces à Milan ; une peinture murale à la détrempe (460 × 880 cm), réalisée de 1495 à 1498. Dans cette grande galerie qui vient d’être ouverte au public, sont numérisés et projetés sur les murs et le plafond, 17 chefs-d’œuvre peints de Léonard de Vinci en correspondance avec les dessins préparatoires. Ainsi, grâce à ce dispositif de projection immersive , une démultiplication graphique permet d’entrer dans le processus de création de Léonard de Vinci, du dessin à la peinture. Impressionnant ! (Photo dico-du-patrimoine)
Dans les jardins du Clos Lucé, ce pont à double travée imaginé par Léonard de Vinci. Un ouvrage en chêne massif réalisé pour la première fois à taille réelle par les compagnons charpentiers du devoir (Photo dico-du-patrimoine)
Entrée du Clos Lucé. A gauche l’oratoire en pierre de tuffeau élevé en 1492, pour la très pieuse reine Anne de Bretagne, véritable joyau d’architecture gothique (Photo dico-du-patrimoine)

I/Clos Lucé, 800 ans d’Histoire dont 3 années transcendées par la présence de Léonard de Vinci

Au Clos Lucé, la chambre de Léonard de Vinci (au premier étage) donne sur le Jardin à l’italienne du château. Autour d’un bassin, des pins centenaires, des cyprès d’Italie, des ifs et parmi les fleurs, la célèbre rose Mona Lisa (Photo dico-du-patrimoine)
De la fenêtre de sa chambre du Clos Lucé, Léonard de Vinci pouvait voir le château d’Amboise distant d’environ 500 m. En surplomb des remparts, la chapelle Saint-Hubert élevée à la demande de Charles VIII, chef d’œuvre du gothique flamboyant (le décor sculpté date de 1495-1496). Se doutait-il alors qu’il avait sous les yeux, sa chapelle funéraire qui abritera ses restes présumés ? (Photo dico-du-patrimoine).

Le génie et le jeune roi

Le Clos Lucé est le château issu de l’amitié entre François 1er, l’un des plus puissants monarques de son temps, et Léonard de Vinci, le plus grand artiste de la Renaissance. Après des années d’errance, Léonard de Vinci arrive à Amboise en 1516 ; il a 64 ans. II est accompagné de quelques élèves (ses préférés) et de son serviteur, Battista de Vilanis. François 1er l’avait rencontré, peu après la bataille de Marignan en 1515, à Bologne, en présence du pape Léon X. II fut immédiatement séduit par cet immense artiste et ce savant visionnaire. Mais qu’est-ce qui poussa un tel génie à quitter Rome pour les bords de la Loire ?

La mystérieuse dame florentine à dos de mulet

Les 1000 écus d’or de pension annuelle que lui allouait le roi ne sont certainement pas la raison de sa venue. Ne serait-ce pas plutôt le charme de ce jeune et séduisant monarque (il mesurait près de deux mètres), épris de grands projets architecturaux, qui opéra ? L’Italie le délaissait. Il était pourtant le protégé de Julien de Médicis, frère du pape. Mais tous les regards se portaient déjà sur deux gloires montantes, Raphaël et Michel-Ange. Et puis, la cour du jeune souverain à Amboise vivait à l’heure italienne. On y rencontrait Dominique de Cortone, dit Le Boccador, Fra Giocondo, Dom Pacello et plus tard Le Primatice ou Benvenuto Cellini.

« Ici Léonard, tu seras libre de rêver, de penser et de travailler » François 1er.

À Amboise, il est accueilli par le roi, au côté de sa mère, Louise de Savoie. François 1er fut, dit-on, très ému et le serra dans ses bras. Il le nomme aussitôt « premier peintre, premier ingénieur et premier architecte du roi ». Il lui avait réservé Le Cloux (devenu le Clos Lucé), un manoir plein de charme à quelques enjambées de son château d’Amboise. D’Italie, Léonard de Vinci n’avait apporté que trois toiles, ses préférées. Elles furent placées dans des sacoches de cuir et transportées à dos de mulet jusqu’à Amboise. Parmi ces tableaux*, une mystérieuse dame florentine, connue aujourd’hui pour être La Joconde. Il y avait là, dira Antonio de Béatis, le secrétaire du Cardinal d’Aragon, le tableau d’une dame de Florence, peinte au naturel, sur ordre de feu Julien de Médicis. Elle sera acquise par François Ier à la mort du peintre.

*Dont le Saint Jean-Baptiste et la Sainte Anne.

Un architecte de génie. Au Clos Lucé, Léonard de Vinci, quoique perclus de rhumatismes, est très actif : il peint peu, empêché par une paralysie du bras droit, mais dirige plutôt la main de ses élèves. Architecte de génie, il trace une esquisse de plan pour Chambord et, sans certitude, son escalier à double révolution*. II conçoit une sorte de château idéal, avec téléphonie, allée d’eau, embarcadère, portes se fermant seules. II prévoit même des maisons démontables pour Ia cour. Dans ses archives furent retrouvés des projets d’architecture pour le château de la reine mère à Romorantin, en Sologne

* Ce fameux escalier à double révolution devenant l’axe d’un château où l’on peut se croiser sans se rencontrer.

Un génial metteur en scène. C’est aussi un génial metteur en scène. Il étonne la cour par de féeriques illuminations et d’audacieux dessins d’engins volants. Ainsi cette féerie nocturne du 17 juin 1518 : transposant une partie des idées de mise en scène utilisées lors de la fête du Paradis, donnée en l’honneur du roi et de sa cour, il simule, dans la nuit et à ciel ouvert, la voûte céleste étoilée parcourue par le mouvement des astres. Pour une autre fête, n’avait-il pas monté un automate en forme de lion qui laissait échapper de sa gueule des fleurs de lys lorsqu’on frappait sur son poitrail ?

Le roi n’était pas là !

Cette année 1519, la Loire gela, et les glaces que charriait le fleuve emportèrent le pont d’Amboise. Contrairement à ce que dit la légende, ou comme peut le suggérer le tableau d’Ingres, François 1er, ne lui tint pas la tête pour recueillir son dernier souffle. II était alors au château de Saint-Germain-en-Laye pour célébrer la naissance de son deuxième fils, le futur Henri II*. Mais la nouvelle l’affecta. II pleura. On inhuma Léonard de Vinci selon ses dernières volontés dans la collégiale Saint-Florentin (détruite en 1807), dans l’enceinte du château d’Amboise. Sa dépouille fut, aussi à sa demande, escortée d’un cortège de mendiants.

*Henri II, deuxième fils de Claude de France et de François 1er est né le 31 mars 1519 à Saint-Germain-en-Laye soit un mois avant la mort de Léonard de Vinci.

Nul être ne va au néant. Léonard de Vinci s’éteignit à 67 ans en son manoir du Cloux, le 2 mai 1519. II avait reçu l’extrême onction. Son testament avait été rédigé. II donnait ses manuscrits et ses instruments à son élève préféré, Francesco Melzi, le dépositaire du testament. Un incroyable legs de près de 50 000 documents, carnets originaux dont les célèbres feuillets d’anatomie humaine – dont beaucoup étaient cryptés. Quant à ses biens et sa vigne, ils allèrent à ses serviteurs, son terrain à ses frères jusqu’à sa servante Mathurine* qui ne fut pas oubliée. Il lui légua son manteau de beau drap noir garni de cuir.

*Mathurine était sa cuisinière et Léonard était végétarien. Pour lui, « sobriété, saine alimentation et bon sommeil maintiennent en bonne santé ».

Requiem (non) in pace. Sa sépulture fut profanée et détruite pendant les guerres de religion. Lors de fouilles entreprises au milieu du XIXe siècle, on exhuma ses restes (présumés !) qui furent réinhumés en 1874 dans le transept droit de la chapelle Saint-Hubert. Mais pendant la Seconde Guerre mondiale, les autorités nazies voulurent restituer ses restes à l’Italie de Mussolini. Par bonheur, ils avaient été soustraits et cachés par un gardien du château. En 2010, des chercheurs italiens souhaitèrent exhumer ses restes pour procéder à une reconstruction faciale du peintre et découvrir si le portrait de Mona Lisa n’était pas tout simplement un autoportrait déguisé de Léonard de Vinci …

L’atelier reconstitué de Léonard de Vinci au Clos Lucé. Il est situé au rez-de-chaussée du château et s’étend sur 3 pièces aux fenêtres à cives avec fresques murales originelles repeintes en utilisant des pigments employés à la Renaissance. Le mobilier a été fabriqué sur les plans d’époque. Grâce à son Traité de la peinture, on a pu retrouver les pigments utilisés, sanguine, terre de sienne, lavis, ainsi que ses outils, pointe d’argent, pointe sèche. Tout se retrouve sur sa grande table de travail, avec compas, règle, trame de papier, plume d’oie, bougie, loupe, mappemonde… (Photo dico-du-patrimoine)
Dans cette bibliothèque, cabinet de curiosité, s’alignent astrolabes, mappemondes, herbiers, squelettes et taxidermies, vanités et coquillages (Photo dico-du-patrimoine)
La chambre de Léonard de Vinci au Clos Lucé où il s’éteignit à 67 ans, le 2 mai 1519. Elle est aujourd’hui meublée d’un lit à baldaquin sur lequel s’est endormit le chat de la maison (la tache blanche sur le bord du lit). C’est là qu’il rédige son testament le 23 avril 1519, léguant ses manuscrits, ses carnets de dessins et ses croquis à son disciple préféré, Francesco Melzi. A gauche du lit, une copie du fameux tableau d’Ingres : Léonard de Vinci représenté en vieillard rend son dernier soupir dans les bras du roi François 1er. Plusieurs personnages sont présents parmi lesquels le jeune homme à droite désemparé qui pourrait être le jeune élève de Léonard de Vinci, Francesco Melzi (Photo dico-du-Patrimoine)

Le Clos Lucé, de la famille d’Amboise à la famille Saint Bris

Un manoir devenu résidence royale. Au Moyen Âge, le domaine appartient à la famille d’Amboise qui érige une première construction à l’emplacement de l’actuel demeure. Le domaine est ensuite cédé aux religieuses du monastère féminin relevant de l’Ordre cistercien de Moncé (à Limeray près d’Amboise). Ce manoir du Cloux*, de briques roses et de pierres blanches, a été bâti en 1477 pour Étienne Le Loup, maître d’hôtel de Louis XI (en fait un ancien marmiton, un tournebroche à la langue bien pendue qui avait été anobli par le roi). L’habitation se dote d’un mur d’enceinte, d’un pont-levis, de tours accolées à un chemin de ronde et d’un pigeonnier de 1000 boulins (ou nichoirs) signe de grande richesse (toujours visible dans le parc).

* II fut appelé le manoir du Cloux jusqu’au XVIIe siècle.

L’oratoire d’Anne de Bretagne fut commandé par le roi Charles VIII pour son épouse, Anne de Bretagne. Il est décorée de quatre fresques peintes par les artistes de l’atelier de Léonard de Vinci. Au-dessus de la porte, la Vierge de lumière, “Virgo Lucis”, aurait donné son nom au Château : le Clos Lucé. (Photo dico-du-patrimoine)

Elle y pleura ses enfants tous morts en bas âge. Le Cloux fut ensuite acquis le 2 juillet 1490 par Charles VIII qui, fort amoureux de sa femme Anne de Bretagne, en fit un castel de plaisance, sorte de résidence d’été où ils venaient se reposer de l’agitation de la cour, siégeant alors, tout à côté, au château royal d’Amboise. En 1492, il éleva pour la très pieuse reine un oratoire en pierre de tuffeau dans la cour du château, une chambre pour Dieu, véritable joyau d’architecture gothique (les quatre peintures murales de l’oratoire d’Anne de Bretagne visibles aujourd’hui ont été peintes par des disciples de Léonard de Vinci). Anne de Bretagne prit l’habitude de s’y rendre, accompagnée du petit Charles-Orland, le dauphin au destin tragique, puisqu’il allait mourir à 3 ans lors d’une épidémie de petite vérole. Elle y vint aussi pleurer ses trois autres enfants, tous morts en bas âge.

Le terrain de jeu du futur François 1er

Le manoir sera mis ensuite à disposition de Louise de Savoie et de ses deux jeunes enfants, l’intrépide duc d’Angoulême, futur François 1er et sa sœur aînée, Marguerite de Navarre. C’est dans une des chambres du Clos Lucé que celle-ci écrira une partie de son fameux recueil de nouvelles L ‘Heptaméron. François 1er, connaissait donc bien l’endroit puisque le Clos Lucé avait été son terrain de jeu. II jouait au ballon, au tir à l’arc et à la guerre avec des amis de son âge qui marqueront son règne, tels Robert de la Marck dit « Fleuranges » ou Anne de Montmorency. Frère et sœur reçoivent peintres, architectes, poètes, et font souffler sur les lieux, l’esprit de la Renaissance.

La chambre de Marguerite de Navarre. C’est au Clos Lucé que Marguerite de Navarre et son frère cadet, le futur François 1er, passent une partie de leur jeunesse sous la protection de leur mère, Louise de Savoie ; chambre au mobilier Renaissance et pavée de carreaux de terre cuite. Dans une vitrine au fond de la pièce, le portrait de Marguerite d’Angoulême enfant (Marguerite de Navarre est née Marguerite d’Angoulême) peint par François Clouet, peintre officiel du Roi. Est-ce dans cette chambre que lui vint cette vocation de femme de lettres ? Elle fut surnommée la « dixième des muses », notamment pour son recueil de nouvelles connu aujourd’hui sous le titre L’Heptaméron (Photo dico-du-patrimoine)

A gauche, la grande salle du Clos Lucé, donnant à droite sur la cuisine. Cette grande salle était le lieu de rencontre entre le peintre et le roi. Le mobilier est Renaissance ; à voir dans l’embrasure de la porte menant à la cuisine, le fac-similé de l’acte de vente du Clos Lucé au roi Charles VIII pour 3500 écus d’or. (Photo dico-du-patrimoine)

Un centre d’étude dédié à Léonard de Vinci et à la Renaissance

Après Léonard de Vinci, nombreux furent les occupants du Clos Lucé, parmi eux : Michel du Gast, capitaine de la garde rapprochée d’Henri III et qui avait pris part, en 1588, à l’assassinat du duc Henri de Guise et de son frère le cardinal de Lorraine ; puis la belle Françoise Babou de La Bourdaisière, favorite du roi Henri IV. Pendant deux siècles, il redevient la propriété de la famille d’Amboise. Sous la Révolution, Henri d’Amboise, son propriétaire et député à la Convention, sauvera le manoir du pillage en invoquant la Déclaration des droits de l’homme. Depuis 1855, le Clos Lucé est la propriété de la famille Saint Bris, qui le restaura. En 1954, Hubert et Agnès Saint Bris l’ouvrirent au public. Le Clos Lucé est présidé aujourd’hui par François Saint Bris avec une mission : transmettre l’héritage, la mémoire et la connaissance de Léonard de Vinci. Pour cela, les techniques les plus en pointe sont utilisées : animations 3D, les hologrammes, les projections immersives, les jeux vidéo, une plateforme de e-learning…

Un Centre international d’interprétation Léonard de Vinci et la Renaissance. Il convenait aussi de ré-enchanter le lieu en redonnant une nouvelle vie à l’ancienne usine*construite en 1869 par Armand Moissant, ingénieur, spécialiste des constructions métalliques (Le Bon Marché, le Grand Palais à Paris). Aujourd’hui, elle est transformée en équipement culturel et scientifique. Et pour demain (jusqu’en 2030), François Saint Bris voit grand : devenir le premier lieu de synthèse sur Léonard de Vinci et la Renaissance. Pour cela, le Château a acquis une friche industrielle de 3 ha jouxtant le domaine pour créer un Centre international d’interprétation Léonard de Vinci et la Renaissance.

*François Saint Bris est un descendant de la famille Schneider, fondatrice des usines du Creusot, par sa mère.

Les salles des maquettes au sous-sol : 4 salles sont dédiées à la collection des inventions de Léonard de Vinci avec 40 maquettes de machines réalisées d’après les dessins originaux de Léonard de Vinci par IBM. A noter qu’une vingtaine de maquettes grandeur nature celles-là sont présentes dans le parc Leonardo de Vinci complétées par des toiles géantes translucides. (Photos dico-du-patrimoine)

II/Nouvelles galeries Léonard de Vinci avec un espace immersif impressionnant !

Pour abriter les galeries Léonard de Vinci, un lieu unique : la réhabilitation de la halle industrielle confiée à l’Atelier d’architecture Chaix & Morel et Associés. Ainsi, la charpente métallique restaurée de l’édifice, supporte une grande verrière en sheds*, propre aux anciens ateliers industriels du XIXe siècle. L’ensemble est orienté au nord-est pour laisser pénétrer une lumière naturelle.

*Une verrière en shed est constituée d’une rangée de modules installés à 90° afin de fournir une grande quantité de lumière naturelle non directe.

Nouvelles galeries abritant le nouvel espace immersif. Il a été aménagé en réhabilitant la halle industrielle construite en 1869 par l’ingénieur-constructeur, Armand Moisant. Il est flanqué de deux ailes, l’une ancienne qui vient d’être rénovée, l’autre contemporaine, traitée en voile de béton, acier et verre transparent. (Photo dico-du-patrimoine)

Léonard de Vinci vu sous deux facettes, l’architecte et le peintre

1/Galerie Léonard de Vinci architecte. Etude, dessins, maquettes et films 3D témoignent de l’esprit novateur du grand maître italien. Comment puise-t-il dans ses connaissances mathématiques et géométriques pour mieux appréhender la perspective. L’exemple le plus frappant est son talent d’urbaniste qui se révèle dans le projet de la cité idéale de Romorantin. Autre questionnement, quels liens se dessinent entre architecture civile, militaire, religieuse et même éphémère (effets spéciaux lors des fêtes données à la cour) ?

Dans la galerie Léonard de Vinci architecte, l’architecture religieuse. Il a beaucoup admiré la beauté des effets de symétrie. Avant lui, ces basiliques à plan centré ont inspiré les plus grands maîtres de la Renaissance tels que Brunelleschi, Alberti, Bramante ou Francesco di Giorgio (Photo dico-du-patrimoine)
Galerie Léonard de Vinci architecte avec François Saint Bris, président de l’Association Léonard de Vinci. Comprendre le processus créatif, et notamment la technique architecturale passe nécessairement pour Léonard de Vinci par l’appréhension de son initiation et de ses travaux en mathématiques et géométrie, ici les volumes complexes (Photo dico-du-patrimoine)
Galerie Léonard de Vinci architecte avec le professeur Pascal Brioist. Il est au Comité scientifique de l’exposition Léonard de Vinci et professeur au Centre d’Etudes Supérieures de la Renaissance de l’Université de Tours. (Photo dico-du-patrimoine)

Galerie Léonard de Vinci architecte. Son génie s’exprime ici dans l’art de la construction et des techniques ; dans le rêve du vol avec ce planeur articulé conçu à partir du vivant après de longues observations du vol des oiseaux et des chauves-souris ; dans ces maquettes d’escaliers dont l’escalier à double révolution du Château de Chambord qu’il a inspiré (Photos dico-du-patrimoine)

Le rêve fou de Léonard ! Et si Romorantin était devenue capitale du royaume ?

Palais royal de Romorantin. Alors que la peste frappe Milan de 1484 à 1490, il devient nécessaire de refonder les villes en rationalisant les circulations et les fonctions des villes. Tandis que certaines cités italiennes sont réorganisées sous les Sforza, le pape Pie Il ou le Duc d’Urbino à la fin du XVe siècle, Léonard de Vinci imagine pour François 1er la ville idéale de Romorantin constituée en son centre d’un palais grandiose pouvant loger le roi et sa cour. Léonard* propose de nombreuses innovations : escaliers droits, écuries automatisées, mais surtout un quartier de maisons pour loger les courtisans dans une ville nouvelle, bordée de canaux équipés de moulins. De nombreux défis techniques sont à relever pour l’architecte qui doit détourner le Cher dans la Sauldre, c’est-à-dire vaincre un dénivelé de plus de trente mètres. En 1518, le projet grandiose du Palais de Romorantin est abandonné tandis qu’en 1519 la première pierre de Chambord est posée.

*Romorantin est bien cité dans les textes de Léonard, à quatre reprises sur des plans, même si ce n’est pas le cas sur le plan en élévation, en dit Pascal Brioist. Léonard a fait des relevés topographiques approfondis de la ville. Il a même dessiné un projet de déviation du Cher vers la Sauldre. Des plans qui figurent dans ses précieux carnets qui ont été réédités chez Gallimard (ils furent publiés en 1942) à l’occasion du 500e anniversaire de sa mort (1656 pages dans la collection Quarto).

Galerie Léonard de Vinci architecte. Ici, une salle multimédia est dédiée au Palais royal de Romorantin, le rêve inachevé de Léonard de Vinci dont la modélisation en 3D permet d’imaginer ce qu’il voulait réaliser. Ainsi, par un jeu vidéo immersif, il est possible de survoler cette cité idéale reconstruite en 3D. (Photo dico-du-patrimoine)

2/Galerie Léonard de Vinci peintre. Cette galerie nous fait plonger dans les tableaux et dessins de Léonard de Vinci grâce à un spectacle audiovisuel immersif*. La technologie du mapping vidéo sert à la compréhension de sa démarche de création picturale. Ainsi, a-t-on accès à des passerelles d’une œuvre à l’autre, à des superpositions entre dessins préparatoires et œuvre finale, à des focus thématiques sur les portraits, les sourires, les mains, les paysages, les drapés… S’offre alors à nous, une galerie virtuelle pour contempler l’ensemble de l’œuvre peint de Léonard de Vinci. Plus de 200 images issues des dessins et tableaux originaux de Léonard de Vinci, provenant de 13 fonds différents font de ce spectacle immersif du Clos Lucé, un « musée idéal ».

*La scénographie est signée Arc-en-Scène. Elle s’appuie sur les technologies numériques, les scénarios immersifs et les dispositifs de réalité virtuelle et augmentée pour apporter un regard neuf sur les créations de Léonard de Vinci et les mettre en scène dans un univers virtuel.

Dans ce spectacle immersif, résonnent les vers de Charles Baudelaire (Les Phares) :
Léonard de Vinci, miroir profond et sombre,
Où des anges charmants, avec un doux souris
Tout chargé de mystère, apparaissent à l’ombre
Des glaciers et des pins qui ferment leur pays.
Les Fleurs du mal

III/Le Clos Lucé en ses jardins : musée en plein air, musée d’atmosphère

Le château du Clos Lucé est situé au cœur d’un parc de 7 ha traversé par l’Amasse, petit affluent de la Loire. Il a été aménagé en deux parties, un parc culturel d’atmosphère, le parc Leonardo da Vinci et le jardin de léonard, un musée en plein air.

Dans ce jardin du Clos Lucé où coule l’Amasse, les effets de la brume donne à ce pont à double niveau, un côté exotique et mystérieux (Photo dico-du-patrimoine)

1/Le parc Léonardo da Vinci. C’est une promenade pour découvrir au hasard des pas, le génie, grandeur nature, de Léonard de Vinci, vis aérienne, char d’assaut, mitrailleuse à tir en éventail, bateau à aubes, roue à écureuil… Une quarantaine de toiles translucides illustrent son oeuvre picturale et ses recherches scientifiques et technique. On franchit des ponts, tous imaginés par Léonard, pont autoportant, pont tournant, pont sur pilotis, pont à deux niveaux ou, ce pont de la Corne d’or* qui devait relier les deux rives du Bosphore.

*Ce pont de la Corne d’or pour le sultan Bajazet a été conçu par les Compagnons du devoir d’Armedieval, en s’inspirant du grand pont, imaginé en 1502 par Léonard de Vinci, pour unir les deux rives du Bosphore à Constantinople.

Dans le parc Leonardo da Vinci du Clos Lucé, une quarantaine de toiles translucides pour exposer l’œuvre picturale de Léonard de Vinci, ainsi qu’une vingtaine de maquettes à taille réelle comme ici, ce char d’assaut (Photos dico-du-patrimoine)

Ce pont, arqué et auto portant (d’après le dessin original conservé à Milan) mesure 16 m de long sur 1,60 m de large et surplombe l’Amasse au plus haut à 2,50 mètres. Le poids total du pont et de son armature est de 5,5 tonnes. Il établit une passerelle entre le jardin de Léonard et les galeries Léonard de Vinci (Photo dico-du-patrimoine)
Le pont autoportant dans le parc Leonardo da Vinci. Pour qu’il soit autoporté, il est constitué, de part et d’autre, de 7 rondins de 4,50 à 5 m de long, reliés par 7 traverses de 3 m de long, supportant une passerelle en bois et s’imbriquant sans clous, ni cordes (Photo dico-du-patrimoine)
Près des galeries Léonard de Vinci, cette représentation de l’homme de Vitruve. Au 1er siècle avant J.-C., un architecte nommé Vitruve détaille les proportions idéales du corps humain. Quinze siècles plus tard, Léonard de Vinci reprend toutes ces indications pour dessiner son fameux Homme de Vitruve (Photo dico-du-patrimoine)

2/Le jardin de léonard, un musée en plein air. Situé en contrebas du château, ce jardin d’un hectare a été conçu comme un musée en plein air. Il a fallu deux ans de recherche pour retrouver l’esprit des tableaux et des dessins de Léonard de Vinci. Ainsi, plus de 30 espèces de plantes que Léonard a dessinées, ont été réimplantées dans ce jardin, tels que des pins, des frênes, des cyprès. Tout ou presque a été reconstitué : rochers, grottes, sources, belvédères et cascades jusqu’aux effets de brume mystérieux avec effet de la technique picturale du sfumato utilisée par Léonard de Vinci. C’est là qu’apparaît comme dans un rêve, le pont à double travée imaginé par Léonard. Et puis, cette zone humide caractéristique du Val de Loire est une étape migratoire, de lieu de reproduction et d’hivernage pour de nombreuses espèces d’oiseaux d’eau et de poissons.

Le Clos Lucé dans le jardin de Léonard (en contrebas du château) donne vie aux dessins botaniques, aux études géologiques et hydrodynamiques et aux paysages de Léonard de Vinci (Photo dico-du-patrimoine)
Dans ce jardin de Léonard au Clos Lucé, effets de brume à la manière de la technique picturale du sfumato utilisée par Léonard de Vinci (Photo dico-du-patrimoine)

IV/Quand le Clos Lucé accueille ses visiteurs

L’Auberge du Prieuré en limite du parc Leonardo da Vinci, propose un voyage gastronomique au temps de Léonard (en terrasse ou près du feu de cheminée selon la saison). Le service est assuré en costumes d’époque et le menu, ponctué d’anecdotes historiques, est annoncé dans le traditionnel vieux « François ». (Ouverture uniquement au déjeuner).

Parc Léonardo da Vinci, derrière cette toile translucide, l’Auberge du Prieuré propose un voyage gastronomique au temps de Léonard (Ouverture uniquement au déjeuner).Photo dico-du-patrimoine.
Bienvenu au Clos Lucé et au parc Leonardo da Vinci : Janvier : 10h-18h • Février-Juin : 9h-19h • Juillet-Août : 9h-20h • Septembre-Octobre : 9h-19h • Novembre-Décembre : 9h-18h. Le Château du Clos Lucé Parc Leonardo da Vinci est ouvert tous les jours (excepté le 25 décembre et le 1er janvier). Le parcours paysager est présenté dans son intégralité du 1er avril au 15 novembre. Pour garantir une expérience de visite optimale, le Château du Clos Lucé met en place des créneaux horaires pour la visite du Château (billetterie en ligne). Photo dico-du-patrimoine