Cathédrales, Abbayes, Châteaux, Ponts…

Tout là-haut, un petit paradis de fraicheur et de biodiversité ! 

La chapelle de Nize au printemps. Elle est dédiée à la Nativité de la Vierge. Construite sur un sanctuaire préroman, elle est Monument historique depuis son inscription en 2001. Photo © François Collombet

Cette chapelle romane isolée dans son vallon

Quitter le bruit et les premières grosses chaleurs de Montpellier pour atteindre en une bonne heure, la chapelle Notre-Dame de Nize, quel incroyable sentiment d’être hors du temps, hors du monde. Un lieu de pèlerinage, une fontaine “miraculeuse”, un ermitage et sa chapelle romane. Tout paraît oublié dans la paix de ce vallon encaissé et boisé. La Nize, ruisseau qui coule au pied de la chapelle n’est aujourd’hui qu’un gros filet d’eau. Faut-il s’en inquiéter ? Le printemps languedocien cette année est si inhabituellement sec. Mais tout semble aux alentours tellement verdoyant. L’eau est la signature du Haut Languedoc, versant Hérault, sillonné par la vallée de l’Orb et ses affluents, paradis du tourisme vert !

Frère Marie-Pâques en terre de mission “environnementale”

Pour la petite communauté d’amis et de journalistes que frère Marie-Pâques a réuni ce jour là, une table a été dressée à l’extérieur. Déjeuner entre le ruisseau de la Nize et la chapelle romane avec son clocher du XIIe siècle, inscrits aux Monuments Historiques (en voie de restauration). Que des produits locaux servis avec les 3 cuvées libellées Notre-Dame de Nize. Frère Marie-Pâques, homme de communication et de conviction, enfant du pays, sensible à la biodiversité et à l’environnement est notre hôte et notre guide. Il est connu comme le loup blanc (!) dans cette Haute Vallée de l’Orb ? Il fut pendant 30 ans moine à l’abbaye de Lérins (l’île de Saint-Honorat au large de Cannes). Depuis son retour en 2016, frère Marie-Pâques devenu moine semi ermite occupant son temps entre la vie de prière et de méditation, est à la fois l’âme et la cheville ouvrière de ce lieu (englobant chapelle, clocher, ermitage, esplanade et source dite de la “Fontaine des Yeux”).

Une communauté de compagnons en quête de fraternité

Son mentra : sauvegarde du patrimoine et de l’environnement, entraide et partage des valeurs : en gros, “faire vivre et faire connaître” ! Il a pour lui, une “task force”, Les Compagnons du Sens, association qu’il a fondée. C’est une communauté virtuelle de compagnons en quête de fraternité. Avec eux, il se bat, entre œnotourisme et tourisme religieux, pour développer et sauvegarder les territoires ruraux. Comment créer de l’emploi, dynamiser ce territoire, préserver l’environnement naturel et patrimonial tout en développant l’économie locale ? Aujourd’hui, ce sont Les Compagnons du sens qui ont pris à bras le corps la restauration et l’animation de Notre Dame de Nize. Le maire de Lunas nous dira demain qu’après la réhabilitation du presbytère*, en partenariat avec Les Compagnons du Sens, suite à un appel d’offre (auprès de maîtres d’œuvre avec spécialité “architecture du patrimoine”), un montant global et forfaitaire de 31 500 € a été voté (sur une estimation budgétaire de 600 000 €). Une campagne d’appel aux dons a aussi été lancé pour assurer l’autofinancement du projet. Oui, cette chapelle oubliée sera bien restaurée et deviendra un haut lieu de passage !

*L’ermitage rénové est maintenant occupé par Nitya, chargée de développement de l’association, avec son conjoint. Une présence sur le site qui permet d’accueillir les visiteurs et aider à l’organisation d’événements tel que le Festi’Nize organisé tous les jeudis en été avec des concerts gratuits suivis d’un apéritif.

Lunas a obtenue le label Station verte

Aurélien Manenc, maire de Lunas : Ici, le maintien de la qualité de vie est l’un des enjeux majeurs de cette petite commune. Photo © François Collombet

L’étroite route qui suit la Nize depuis la chapelle mène à Lunas, éloignée de 3 km (entre Bédarieux et Lodève). L’histoire de ce gros village de 670 habitants, étape sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, remonte à la voie romaine qui reliait le Bas-Languedoc au Rouergue. Lunas inclus dans le parc naturel régional du Haut-Languedoc, est sans doute l’un des plus célèbres Hauts Cantons de l’Hérault. D’ailleurs, il vient d’obtenir le label Station verte, premier label d’écotourisme de France, distinction qui valorise la qualité du cadre de vie d’un territoire. Comme station verte, Lunas organise deux animations : au printemps, la fête de l’écotourisme et en automne, la fête du terroir. De plus, Lunas est une étape d’un réseau de 500 km de sentiers, plus le GR de Pays “Entre deux lacs” qui va d’Avène à Salagou, soit 130 km à travers des sites naturels et patrimoniaux d’exception dont plusieurs Hauts Cantons du Grand Orb (Ceilhes, Avène, Joncels, Lunas, Dio, Brenas). Son maire, Aurélien Manenc, Lieutenant-Colonel des Sapeurs-Pompiers de l’Hérault nous reçoit dans sa mairie. Il nous parle de l’adaptation de l’habitat aux contraintes d’un art de vivre difficilement compatible avec l’architecture des maisons du village. Plusieurs familles venues des Etats Unis se sont installées ici, un bon signe pour la l’avenir. Son combat aujourd’hui est d’étendre à Lunas un projet de chauffage urbain à partir d’une chaudière à bois très abondant dans la région. Ici, le maintien de la qualité de vie est l’un des enjeux majeurs de cette petite commune.

Le Gravezon au plus bas en ce printemps
Le Gravezon qui traverse Lunas est à un niveau très très bas pour un printemps. Situé à mi-chemin entre Bédarieux et Lodève, Lunas se trouve au confluent du Gravezon, du Nize et du Dourdou. Photo © François Collombet
Sur l’autre rive du Gravezon, le château de Lunas au milieu du village est aujourd’hui un restaurant. Photo © François Collombet

Au long du fleuve Orb

Le Haut Languedoc s’ouvre au nord sur l’Aveyron et à l’ouest, sur le Tarn. Il est en limite du Massif central (causse du Larzac). Quant à la Haute Vallée de l’Orb, pays de montagnes et de vignes, célèbre pour ses Hauts Cantons, elle occupe le nord-ouest de l’Hérault (en Cévennes méridionales) avec les vallées de la Mare, du Jaur et de l’Orb. C’est le pays des sources abondantes et de la verte fraîcheur si recherchée en période estivale. L’Orb, petit fleuve* se 135 km prend sa source à la limite de l’Aveyron dans le Parc Naturel du Haut Languedoc. Il va alimenter et traverser le barrage d’Avène, quittant alors les plateaux d’altitude au climat océanique. Son parcours borde 2 stations thermales de renommée internationale, Avène et Lamalou-les-Bains mais aussi, Le Bousquet d’Orb, Bédarieux et Hérépian jusqu’à Roquebrun, avant de se jeter dans la Méditerranée. Des paysages de vignes voisinent avec des orangers, des cerisiers et des châtaigniers (la montagne du Haut Languedoc regorge d’anciennes châtaigneraies aujourd’hui délaissées). Enfin, en faisant un écart vers le sud-ouest, ce sont les forêts denses de la Montagne Noire, les landes et tourbières des monts de Lacaune, le plateau des lacs, ou le secteur karstique et aride du Minervois, jusqu’aux vignobles autour de Faugères et Saint-Chinian. 

*Un petit fleuve pas si tranquille notamment quand les pluies venues de la mer se concentrent sur les pentes de l’Espinouse, le fleuve devient alors incontrôlable. Par le passé le niveau de l’eau s’est déjà élevé de 10 m par rapport à la normale, ravageant des quartiers entiers des villes riveraines.

Ces montagnes, un incroyable balcon sur la Méditerranée

Un paysage de moyenne montagne dit-on ! Mais en voyant les impressionnants massifs du Caroux-Espinouse, de l’Escandorgue ou même les Monts d’Orb comment ne pas se croire bien au-dessus des quelque 1000 m indiqué sur les cartes (le sommet de l’Espinouse est à 1124 m). Véritable balcon qui domine la plaine viticole du Languedoc, ces montagnes marquent le partage des eaux entre Océan Atlantique et Méditerranée. Du haut du massif du Caroux (balcon sud) célèbre pour ses gorges (Héric et Colombières), quel spectaculaire panorama sur le Languedoc et la Méditerranée ! Par temps clair il est même possible d’apercevoir la chaine des Pyrénées orientales (massif du Canigou). Si loin, si proche ! Imagine-t-on ici être à quelques encablures de la Méditerranée et du golfe du Lion. Comment fait-on dans ces Hauts Cantons pour préserver un environnement exceptionnel marqué par la fraîcheur tant malmené aujourd’hui par le climat ? 

Vue époustouflante sur le massif du Caroux et les fameuses Gorges d’Héric, incroyable entaille dans le roc. On est sur la commune de Cambon et Salvergues (mais sur la Réserve nationale de chasse de l’Espinouse), à l’extrémité du plateau de l’Espinouse près du domaine de la Peyroutarié, de la chapelle St-Martin-du-Froid et face au Mascar, au col de la Muraille (996 m) et au Fourcat d’Héric (965 m). Photo © François Collombet

I/ L’Orb et ses eaux miraculeuses qui dévalent du barrage du Grand Orb vers Avène, Lamalou-les-Bains jusqu’à Roquebrun et la Méditerranée 

L’eau, voici ce qui caractérise cette Haute Vallée de l’Orb. Elle y est abondante, elle jaillit de partout et s’écoule vers le fleuve Orb jusqu’à la Méditerranée.

La Fontaine des yeux

Mais d’abord cette mystérieuse Fontaine des yeux. Elle est presque accolée à la chapelle de Nize. On y accède par un petit chemin de terre. L’eau jaillit dans une sorte de minuscule grotte reconstituée au pied d’une statue de la vierge. L’étonnant ici sont ces étendoirs qui l’entourent couverts de mouchoirs laissés par des pèlerins en mal de guérison ! On s’épanche les yeux avec l’eau de la source. Et peut-être que … !!! Frère Marie-Pâques à la foi inébranlable mais en bon cartésien a fait analyser l’eau par le laboratoire Fabre à Avène. Nada ! Une eau sans aucune propriété particulière. Alors oui, c’est vraiment une eau miraculeuse !  Il vous en coutera un mouchoir.

Frère Marie-Pâques devant la Fontaine des yeux à deux pas de la chapelle de Nize. Photo © François Collombet

Le lac d’Avène ou le barrage des Monts d’Orb  

Evelyne Kurutcharry, gestionnaire du barrage des Monts d’Orb et frère Marie-Pâques. Elle est celle qui gère les eaux de l’Orb. Il est celui qui peut prier pour la montée des eaux. Photo © François Collombet

Il faut monter bien au-dessus d’Avène pour découvrir ce lac au sein d’une nature totalement préservée. Il s’étend, entouré de forêts, de Ceilhes à la station thermale d’Avène sur plus de 6 km. Il faut bien comprendre que cette retenue d’eau artificielle est le seul obstacle pour réguler le cours du fleuve Orb. Un lac mais surtout un barrage de type voûte, construit de 1959 à 1963. Il permet l’irrigation des plaines du Biterrois et l’alimentation en eau potable de l’ouest de l’Hérault et du sud de l’Aude, notamment la totalité des stations balnéaires. Sa régulation permet de soutenir le niveau d’étiage du fleuve durant la période estivale. Très impressionnant, il fait 83 m de haut et 280 m de développement en crête. Il est équipé pour la production hydro-électrique. Son rôle est également de niveler les crues lors de forts épisodes orageux. L’eau est retenue durant l’automne et l’hiver, et restituée au fleuve au printemps et en été. 

Un niveau très inquiétant dès ce printemps 

Evelyne Kurutcharry, gestionnaire du barrage (Bas-Rhône-Languedoc ou BRL, en est le propriétaire), précise que depuis sa mise en service au début des années 60, c’est la toute première fois que le niveau du barrage hydro-électrique du lac des Monts d’Orb est aussi faible : 18 millions de mètres cubes d’eau sont actuellement retenus par le barrage. En temps normal, le niveau est 30 % plus élevé. À cette époque de l’année, la retenue est en moyenne de 25 à 26 millions de mètres cubes : “la situation est bien plus tendue qu’à l’accoutumée, à cause des sécheresses automnales et hivernales” .

Le lac d’Avène (barrage des Monts d’Orb) entouré de forêts, de Ceilhes à la station thermale d’Avène. Il est long de plus de 6 km. Cette retenue d’eau artificielle est le seul obstacle pour réguler le cours du fleuve Orb. Photo © François Collombet.
Barrage des Monts d’Orb (lac d’Avène). Tel qu’on le voit, il est à 8 m en dessous du niveau normal. Ce sont ces eaux qui alimentent l’irrigation des plaines du Biterrois et l’alimentation en eau potable de l’ouest de l’Hérault et du sud de l’Aude, notamment la totalité des stations balnéaires. Photo © François Collombet 

Ces eaux qui soignent et qui font vivre la vallée

L’eau d’Avène, un trajet de plus de 50 ans jusqu’à 1500 m de profondeur. Il y a le lac d’Avène (ou barrage des Monts d’Orb) et juste en contre bas, blotti dans la vallée de l’Orb, la station thermale d’Avène mondialement connue. Elle est entièrement dédiée aux soins de la peau et c’est un véritable thermalisme scientifique qui y est pratiqué. L’histoire veut que le cheval d’un seigneur local, le Marquis de Rocozels, atteint d’une éruption cutanée ayant bu et s’être roulé quotidiennement dans l’eau de source fut complètement guéri. Un temps oubliée, la station renait en 1975 lorsque Pierre Fabre, pharmacien à Castres rachète la Source d’eau thermale. Grâce à de nombreuses études scientifiques, il en mesure toute son efficacité* et confirme ses propriétés apaisantes et anti-inflammatoires. Dans le même temps, la Station Thermale s’agrandit et accueille chaque année davantage de curistes, de toute la France et du monde entier. En 30 ans, Eau Thermale Avène est devenue une marque mondialement reconnue, leader des soins dermo-cosmétiques en Europe, au Japon et en Chine. 

*Sa composition minérale est unique. On a mesuré qu’il fallait un trajet souterrain de plus de 50 ans amenant l’eau thermale jusqu’à 1 500 m de profondeur, pendant lequel elle se charge en divers minéraux et oligoéléments.

Le célèbre village d’Avène sur les bords de l’Orb qui accueille cet Hôtel Eau thermale Avène, étonnant par son architecture audacieuse, toute en courbes et en lumière et qui s’intègre parfaitement dans ce paysage de montagne. Photos © François Collombet

L’Impluvium d’Avène au cœur du Parc naturel régional du Haut-Languedoc

La marque Eau Thermale Avène, les Thermes d’Avène et la commune d’Avène* ont créé l’API’A, association loi 1901 pour la Préservation de l’Impluvium des eaux d’Avène. C’est le lieu de formation de l’Eau thermale d’Avène. Par sa situation à la croisée des climats méditerranéen, montagnard et continental de la haute vallée de l’Orb, cet impluvium est de nature exceptionnelle. Il représente une superficie de 27 km2. Les reliefs sont très marqués entre la Station thermale d’Avène, à 340 m d’altitude, et les sommets culminants à 1022 m. Il est constitué à 76 % de forêts, avec un mélange de feuillus (chênes, hêtres, châtaigniers…) et de résineux (pins ou sapins douglas). 22 % de sa surface sont occupés par des espaces agricoles, destinés principalement aux pâturages et à la culture de plantes fourragères. 
L’eau de pluie se déverse sur le bassin versant et effectue un long parcours dans ses profondeurs souterraines. Pendant sa progression, elle se réchauffe et se charge en éléments biologiques et minéraux pour devenir l’Eau thermale d’Avène. S’il pleut en moyenne 1200 millimètres d’eau par an, une partie seulement de ces eaux s’infiltre en profondeur pour donner plus tard naissance à l’Eau thermale d’Avène. L’autre partie reste à une faible profondeur et alimente les captages destinés à l’alimentation en eau sur le territoire.

* Dont les représentants du Parc Naturel régional du Haut-Languedoc, de l’Office National des Forêts, du Centre Régional de la Propriété Forestière d’Occitanie et de la Chambre d’agriculture de l’Hérault, puis les propriétaires forestiers et agricoles.

Et si on s’arrêtait déjeuner chez Marie-Claude et Jacky à la Table Paysanne à Serviès ?

C’est une ferme au bout du bout du bout, à la limite de l’Aveyron mais incluse sur l’impluvium d’Avène. Une ferme de moyenne montagne (à 570 m) avec ses pâturages jusqu’à 1000 m et à 10 mn de la station thermale. Il faut prendre la très sinueuse D163, passer par la chapelle Saint-André-de-Rieussec pour arriver après avoir franchi plusieurs gués jusqu’au hameau de Serviès et la maison en pierres rénovées. On est à la table de Marie-Claude et Jacky Théron, et au menu que les produits de la ferme. Elle est aujourd’hui tenue par les enfants (agriculture et élevage traditionnels, brebis et bovins, basse-cour et quelques porcs en plein air, plus un grand jardin potager). Le ruisseau de Serviès situé sur l’impluvium et en bordure du domaine fait l’objet de toutes les attentions. Cette eau arrive jusqu’à Avène. Pour éviter tout risque de pollution, une station d’épuration y a été installée.

Lamalou-les-Bains, cette station thermale connue pour soigner la neurologie et la rhumatologie mais pas seulement.

Toujours dans le parc régional du Haut-Languedoc mais à Lamalou-les-Bains, entre vignobles et contreforts des Cévennes. La qualité des eaux thermales, dont les vertus thérapeutiques ont été mises en lumière par le Docteur Charcot, fait de Lamalou-les-Bains, l’un des rares centres thermaux français à soigner la neurologie et la rhumatologie simultanément. Mais Lamalou-les-Bains a une autre spécialité : la réadaptation des accidentés de la route, en général des patients polytraumatisés et c’est aussi un centre des grands brûlés.

La clinique Ster à Lamalou-les-Bains, premier employeur du Grand Orb

La clinique de Lamalou-les-Bains a été créé en 1954 par Jean Stern, au départ pour les patients atteints par la polio. Une affaire familiale ! Elle a été reprise par son fils, lui-même médecin, puis sa petite fille kinésithérapeute, aujourd’hui directrice générale du groupe Ster. Gweola Ster nous reçoit en toute simplicité dans l’immense salle de réunion de sa clinique. Aujourd’hui, la clinique du Dr Ster est le premier employeur du Grand Orb (plus de 300 personnes). Elle est constituée d’un pôle de réadaptation des accidentés de la route pour les polytraumatisés (elle reçoit également des sportifs de haut niveau). Cette unité spécialisée de Lamalou-les-Bains est devenue un établissement de référence au niveau national. Ici on assure la rééducation et la réadaptation de 600 patients par an. Avec le soutien du fonds national de sécurité routière, ce centre a été totalement modernisé : “La clinique est équipée d’un plateau technique unique en Occitanie’‘ précise Gwenola Ster. En contre-bas de la clinique, une salle de sport telle qu’on en rêverait. Elle est aussi à la disposition des habitants de la région, hors période d’occupation par les patients de la clinique. Il est certain que grâce à son modèle de responsabilité sociétale, ce centre européen d’excellence médicale est en parfaite synergie avec son territoire.

Jusqu’à 400 grands brûlés accueillis chaque année

Le Groupe Ster, avec la construction du Centre Européen de Réadaptation des Grands Brûlés, des Plaies et des Cicatrices à Lamalou-les-Bains (un très gros investissement, dira Gwenola Ster), prenait une décision stratégique capitale. En poursuivant cette hyperspécialisation avec le développement à l’international, il soutenait l’économie locale avec création d’emplois dans ce territoire excentré des Hauts Cantons à forte précarité sociale. Sa réputation notamment à l’internationale est née en partie grâce au récit d’une présentatrice d’un chaine de TV anglaise venue se faire soigner ici. Le livre qu’elle écrivit fut lu par une Australienne, mannequin et grande sportive* très gravement brûlée ce qui la décida à venir à Lamalou-les-Bains.

*Turia Pitt née à Tahiti en 1987 d’une mère polynésienne et d’un père australien a grandi à Ulladula en Nouvelle-Galle du Sud. Turia Pitt est connue pour son apparence à la suite d’un incendie de brousse lors d’un marathon en 2011. Elle est aujourd’hui la nouvelle égérie du laboratoire Avène.

Gweola Ster, directrice générale du groupe de santé Ster devant sa clinique de Lamalou-les-Bains. Ce groupe est le premier employeur du secteur Grand Orb. Photos © François Collombet

II/ Dans cette Haute Vallée de l’Orb, coule le vin et la solidarité

Tout dans cette IGP Haute Vallée d’Orb au nord-ouest de l’Hérault* (en Cévennes méridionales) a de quoi surprendre ! Petite appellation en hectares cultivés (1400 ha sur 32 communes) certes mais géante par sa superficie ! Elle se cale au fil de son fleuve (l’Orb) entre quatre AOP : Terrasses du Larzac au nord-est, Minervois, Saint-Chinian et Faugères au sud. Son « plus », un terroir d’altitude qui bénéficie de la fraîcheur des montagnes. Alors, comment se fait-il qu’elle soit si peu connue ! Cette IGP Haute Vallée de l’Orb a pourtant tout pour être une AOP remarquable dans ce Languedoc qui subit de plein fouet les excès du changement climatique. Ici, les vignes sont plantées sur des coteaux entre 200 et 650 m d’altitude. Les nuits d’été sont suffisamment fraîches pour permettre une maturité complète et plus étalée des raisins. De plus, la très grande diversité des sols permet de planter les cépages les plus adaptés. Un exemple, le chardonnay. Il fut testé et retesté. Résultat, c’est le cépage qui convient le mieux dans le nord du secteur (vinification traditionnelle sous contrôle de température) sur sol argilo-calcaire. Le 100 % chardonnay est presque la règle.

*L’IGP Haute Vallée d’Orb regroupe 3 vallées, la Mare, le Jaur et l’Orb. Elle est cernée au sud-ouest, par la Montagne Noire, les Monts du Caroux et l’Escandorgue au nord.

Vignobles du Domaine de Gravezon à Joncels, un vignoble d’altitude en coteaux, à faible rendement et en agriculture bio. Les vendanges sont manuelles et les vins rouges ne sont pas filtrés. Photo © François Collombet 

Typicité des vins : un mix, sol, cépage, altitude et conditions climatiques

L’empire du chardonnay (près de 20 % des plantations). Dans cette IGP d’altitude, 50 % des cépages sont des nouveaux venus comme la syrah, le merlot et le chardonnay (planté il y a une vingtaine d’années par les mineurs devenus vignerons). Ils complètent des cépages plus traditionnels comme le carignan, le cinsault et le grenache*. A cela s’ajoute, le viognier, le petit manseng, la marsanne et surtout, la montée en force dans les rouges du marselan, cépage métis (ou hybride) que beaucoup dans la vallée de l’Orb considèrent comme un grand cépage d’avenir.

*Si les rouges (merlot, syrah, grenache …), peuvent se trouver en monocépage, les plus caractéristiques ont pour base la syrah (50 %) assemblée au carignan, merlot, grenache, cinsault et pinot noir. Les rosés sont des rosés de saignée à partir de syrah ou d’un assemblage de syrah et de chardonnay (vinification identique aux blancs).

Les hommes et les femmes de l’IGP Haute Vallée de l’Orb

Quinze domaines et une cave coopérative (plutôt une grande cave particulière) sont à la tâche. Autant de singularités, d’histoires d’homme et de vie qui se retrouvent unies et confédérés par l’action de frère Marie-Pâques. Ses thuriféraires (ou plutôt acolytes), deux docteurs ès vin, Michel Salettes qui se dit amateur œnophile (il participe aux dégustations dans le cadre des agréments et certification des vins du Languedoc) et un sommelier de classe internationale, Christophe Menozzi. Depuis 25 ans, il fait autorité dans le monde du vin. Dans sa tête, une multitude de combinaisons plat-vin, une mémoire phénoménale où chaque vin dégusté correspond à une fiche mentale. Un reproche (qu’il se fait), ne pas suffisamment parler l’Anglais !

Cave coopérative d’Hérépian ou Les Coteaux de Capimont (à Hérépian)

Pour Les Coteaux de Capimont, un triple objectif : le qualitatif, l’environnement et le partage. Cette cave coopérative d’Hérépian créée en 1939 regroupe aujourd’hui 70 vignerons qui cultivent 280 ha de vignes réparties sur 25 communes. Au fil des années, la cave s’est spécialisée dans la vinification des vins blancs et rosés qui représentent aujourd’hui 90 % de la production. Les coteaux aménagés en terrasses, ont été façonnés avec le temps par la main de l’homme, transformant ce lieu en un paysage unique. Conscients de l’enjeu d’avoir une certification environnementale la cave et ses vignerons œuvrent avec des pratiques respectueuses de l’environnement. “La conduite du vignoble est aussi un enjeu. II faut s’améliorer dans les vignes pour augmenter la qualité de nos vins en bouteille et en bib. L’appellation Haute Vallée de l’Orb étant déjà très confidentielle et peu connue, sa reconnaissance passe par la qualité et des prix justes” précise Brice Lalanne, son directeur.

Et si Notre-Dame-de-Nize devenait la marque d’un domaine viticole ?

Aujourd’hui, Notre Dame de Nize propose ses cuvées participatives parrainées par Christophe Ménozzi (Maître sommelier de France) : 3 cuvées toutes en IGP Haute Vallée de l’Orb. En rouge, la cuvée Paix venue du domaine Jouvet à La Tour-sur-Orb (35 % grenache, 30 % carignan, 35 % syrah). En blanc, la cuvée Joie du domaine de Bon Augure à Joncels, un 100 % chardonnay sur sol argilo-ferreux et sur socle de glacis calcaire. Et enfin, en rosé, la cuvée Espérance de la cave coopérative d’Hérépian (Les Coteaux de Capimont), issue d’un assemblage de grenache et de cinsault. Mais pourquoi ne pas faire de Notre-Dame-de-Nize, la marque d’un domaine viticole ? Quelques soirées “brainstorming” et tout est parti ! D’abord frère Marie-Pâques, homme de contact et de conviction qui a associé au projet un vigneron enthousiaste et quelque peu “disrupteur”, Cédric Guy du Domaine de Bon Augure à Joncels. Son mot d’ordre, la nature : viticulture biologique, travail manuel, biodynamie, agro-écologie… Troisième larron, l’assurance d’un grand sommelier, Christophe Menozzi*. Et comme dans les Trois Mousquetaires, ils sont quatre, avec l’appui évidemment des Compagnons du Sens. Le maire de Lunas, Aurélien Manenc, à fond dans le projet propose dans sa commune, l’emplacement de la future cave du domaine, sans doute une ancienne champignonnière. Seule certitude, ces vins labélisés Notre-Dame-de Nize seront de très belle facture. On attend !

*Christophe Menozzi aida beaucoup Frère Marie-Pâques à établir la très grande réputation des vins de l’île monastique de Lérins.

Les 3 acteurs du future domaine viticole Notre-Dame-de-Nize

Cédric Guy du Domaine de Bon Augure à Joncels posant devant sa parcelle d’1 ha de pinot noir cultivée en biodynamie. Les 7 ha de son domaine sont les anciennes vignes des moines de l’abbaye de Joncels. Photo © François Collombet 

Pour aller plus loin :

IGP Haute Vallée de l’Orb (Haut Languedoc) : ce terroir d’altitude qui fait toute la différence ! (dico-du-vin.com)

III/ Massif Caroux-Espinouse, le partage des eaux

Le massif du Caroux-Espinouse au cœur du Parc régional du Haut-Languedoc fait partie, avec la Montagne Noire, des zones naturelles les plus vastes du département de l’Hérault. Il s’agit du secteur le plus méridional du Massif central et c’est une vaste entité montagneuse. De par sa position intermédiaire entre les domaines atlantiques et méditerranéens, elle constitue un réservoir très riche et diversifié pour la faune et la flore. Elle accueille de nombreuses espèces rares ou en régression qu’il faut à tout prix protéger et surveiller (Voir le rôle central que joue La Réserve Nationale de chasse et de faune sauvage du Caroux-Espinouse).  

Pascal Arnaud technicien de l’environnement et chef de l’Unité Est de l’OFB (Office Français de la Biodiversité) connaît par cœur le massif de l’Espinouse. Il sait où pointer ses jumelles pour y dénicher l’animal emblématique de ces montagnes, le mouflon dont il a la garde. Photo © François Collombet

Côté Méditerranée, côté Atlantique 

Ainsi, la bordure sud du site surplombe la vallée de l’Orb. Elle est caractérisée par une végétation de type méditerranéen. Sur le plateau et les crêtes, c’est une végétation de type atlantique avec des hêtraie et des landes. Dans les zones les plus humides, apparaissent des tourbières (on en verra une sur le domaine de la Peyroutarié), alors qu’aux abords des zones habitées, on peut observer des prairies à l’aspect bocager. Par ailleurs, de nombreux reboisements en sapins et épicéas ont été réalisés dans les forêts domaniales. 

La routes des crêtes vers Cambon et Salvergues

Pour faire simple, ces crêtes surplombent la vallée de l’Orb (avec en contre-bas, Colombières-sur-Orb et Olargues). Pour les rejoindre de Saint-Gervais-sur-Mare, direction la Croix-de-Mounis puis Castanet-le-Haut. C’est la route de panoramas époustouflants. Puis, traverser la forêt domaniale de l’Espinouse, passer à 1124 m le sommet de l’Espinouse en versant côté Atlantique vers Cambon et Salvergues, le long de l’Agoût, le point le plus élevé de l’Hérault.

Arrêt à 810 m d’altitude à la Croix-de-Mounis. En se tournant d’Est au Sud, vue sur le Larzac, les Monts d’Orb, le Caroux et l’Espinouse. A proximité, les falaises d’Orques, un à-pic de 200 m. Au XIXe siècle, se trouvait une auberge et un relais de diligence entre Saint-Gervais-sur-Mare et Lacaune-les-Bains, où les chevaux épuisés par la montée étaient relayés. Photo © François Collombet 

Castanet-le-Haut, au col de l’Espinouse à 1124 m

Au sommet de l’Espinouse, Pascal Arnaud et Mélanie Larue, technicien(ne) de l’environnement viennent de débusquer au télescope, une famille de mouflons et le jeu des premiers agneaux. Photo © François Collombet

Ici, Réserve nationale de chasse et de faune sauvage du Caroux-Espinouse

Cet espace naturel emblématique de l’Hérault, Réserve nationale de chasse et de faune sauvage (RNCFS) du Caroux-Espinouse fête en 2023 ses 50 ans de recherche et de protection de la biodiversité. Cette réserve est l’une des plus anciennes zones naturelles protégées du département. Elle s’étend sur le territoire de trois communes : Rosis, Castanet-le-Haut et Cambon et Salvergues. Depuis toutes ces années, la faune et la flore locales, et plus globalement les milieux naturels sont préservés par les deux co-gestionnaires que sont l’Office national des forêts et l’Office français de la biodiversité. Si la sauvegarde des espèces et de leurs milieux de vie est une des raisons d’être du classement de ce site*, la RNCFS du Caroux-Espinouse est aussi un véritable laboratoire à ciel ouvert. Année après année, les inventaires et protocoles de recherches appliquée permettent une meilleure connaissance des espèces présentes et de leur mode de vie. En outre, ils permettent de comprendre certaines réponses de la nature aux activités humaines.

*Dans le massif du Caroux-Espinouse a été recensé 140 espèces d’oiseaux, 41 espèces de mammifères, 14 espèces de reptiles, 6 espèces de batraciens et 516 espèces végétales.

C’est l’homme qui n’a pas vu le loup mais qui protège les mouflons !

Être guidés par deux techniciens de l’environnement (de la Police de l’environnement), quelle meilleure introduction au milieu ! Tous les deux de l’OFB (Office français de la biodiversité). Le plus ancien, Pascal Arnaud a une passion pour le mouflon introduit de 1956 à 1960 dans la réserve. Quatre mouflons de Corse furent introduits pour leur sauvegarde. Aujourd’hui, précise-t-il, on en compte un bon millier sur l’ensemble du massif. C’est la plus importante réserve de France qui jouit d’une renommée internationale. Mais la grande déception de Pascal Arnaud est qu’il n’a toujours pas vu le loup malgré des traces de son passage (de l’urine) sur le massif et notamment entre l’Hérault et le Tarn. Quant à Mélanie Larue, elle aussi technicienne de l’environnement, sa stature est plus scientifique. Elle met en œuvre sur le terrain des projets de recherche*: projets axés sur des études spatiales de différentes espèces de lagomorphes (animaux dont la taille peut varier de 12 à 80 cm de longueur) comme le lièvre ibérique, le lièvre d’Europe, le lapin de garenne, le mouflon méditerranéen et le lagopède alpin (genre d’oiseaux gallinacés) .

*Mélanie est en fait technicienne recherche, service antropisation (effet de l’action humaine sur les milieux naturels).

Vue sur le massif de l’Espinouse (1124 m), de l’Occitan Espinosas qui signifie épineux. Il fait partie de la montagne du Haut Languedoc. Sauvage, rude, sa ligne de crête assure le partage des eaux entre les bassins atlantique et méditerranéen. Voir tous ces sommets abrupts, ces gorges escarpées, des grottes, des panoramas époustouflants, des forêts profondes sans oublier le Caroux, fameuse “Montagne de lumière” Photo © François Collombet
Aujourd’hui, le mouflon animal emblématique du massif du Caroux-Espinouse est présent sur l’ensemble du massif sur plus de 20 000 ha. C’est la plus grande population de France de cet ongulé sauvage. L’espèce est étudiée dans la réserve par des protocoles scientifiques de capture-marquage-recapture depuis 1974. C’est un des sites d’étude les plus anciens au monde sur le suivi d’une population d’ongulés (Photo ofb.gouv.fr) 

Une nuit à Cambon, la commune la plus élevée de l’Hérault.

Cette commune sur les bords de l’Agoût, affluent du Tarn (donc côté Atlantique) est au point culminant du département de l’Hérault à 1152 m (col de l’Espinouse). Halte à La Clairière, petits appartements détenus par la commune et dîner à base de produits locaux et du jardin (bio) du restaurant. Avec Marie Casares, maire de Cambon et Salvergues et Max Alliès, maire de Castanet-le-Haut (et président de la Fédération départementale des chasseurs de l’Hérault), on parle évidemment des éoliennes et notamment du parc des 23 éoliennes sur les crêtes de la Grésière ; cet important site local d’énergie renouvelable qui est une source de revenu non négligeable pour la commue (éclairage public gratuit et superbe salle communale qui vient d’être inaugurée à Cambon). Demain, madame le Maire nous emmènera au bout du monde, à 1064 m, à l’extrémité du plateau de l’Espinouse jusqu’à la chapelle Saint-Martin-du-Froid. C’est son bout de territoire, sur sa commune. Elle a engagé des travaux de restauration et c’est sa grande fierté.

Un immense domaine mystérieux et abandonné aux chevaux

Pour gagner le très mystérieux domaine de La Peyroutarié (amas de pierres en occitan), du village de Cambon, suivre l’Agoût, passer le hameau de Salvergues et rejoindre La Calmette. A partir de là, rien que des chemins forestiers qui se transforment en piste pour 4×4 jusqu’à la chapelle Saint-Martin-du-Froid et le Mascar. Ici on pénètre dans la Réserve nationale de la chasse et de faune sauvage du Caroux-Espinouse (1700 ha). Son accès est normalement interdit au public. Mais Impossible d’imaginer ce qu’on va y découvrir ! Une immense maison aux volets rouges, flanquée à l’arrière de tourelles. Tout est entièrement fermée et dans un état préoccupant. Le choc est que cette bâtisse couverte d’un enduit grisaille surgisse de nul part, dans une nature totalement isolée. Pour l’accueil, pas de chien de garde mais une horde de petits chevaux qui accoure dès votre arrivée. Bienvenu donc au domaine de la Peyroutarié : 114 ha accolés à la Réserve. Le propriétaire est l’OFB. Elle reçut ce domaine d’un leg d’une certaine Mme Colette Robert qui était tombée follement amoureuse de ce lieu. Était-ce le fait d’entr’apercevoir le Canigou au bout de son domaine ou l’extrême solitude de l’endroit ? D’une bergerie en ruines, elle en fit sa maison de rêve d’une élégance douteuse avec éolienne et quelques panneaux solaires. Une originale, oui ! Elle vivait seule (à la belle saison). On la disait baronne. Sa fortune venait d’une famille alors propriétaire d’une concession de chemins fer. On la disait aussi mariée à homme de petite noblesse, puis à un autre à la fortune plus conséquente. Sa passion était le voyage. Elle visita le monde. Sans doute, retrouvait-elle le calme ici dans son domaine fantasque qu’elle avait planté de fleurs et d’arbres. C’est le 1er décembre 1997, quelque temps avant sa mort que Colette Robert devait donner son domaine de la Peyroutarié à l’OFB.

Incroyable destin que ce domaine de la Peyroutarié à l’extrémité du plateau de l’Espinouse. Cette grande bâtisse entourée de 114 ha est un don de son ancienne propriétaire à l’Office français de la biodiversité. Pour gardien, ces quelques chevaux de race tarpan koniks polskis, l’ancêtre des chevaux sauvages européens. Mais pas si sauvages, juste étonnés par la robe blanche et le scapulaire noir du cistercien ! Photo © François Collombet
Arrêt auprès de ce rocher du domaine de la Peyroutarié. Moment émouvant où Pascal Arnaud se penche sur la plaque apposée en mémoire d’un confrère, d’un amoureux des lieux, Didier Guionnet qui fut chef de service ONCFS de l’Hérault. Photo © François Collombet

Comme gardiens des lieux, des petits chevaux de race koniks polskis

En tant que gestionnaire du site, l’Office français de la biodiversité met tout en œuvre pour préserver la quiétude de ces lieux, tout en menant des actions de gestion conservatoire permettant de préserver la haute valeur biologique et écologique des milieux qui compose ce domaine. Oui, assure-t-on, il existe bien un plan de restauration de cette grande bâtisse qui devrait-être transformée en centre d’étude. Encore faut-il lui attribuer le bon budget ! Le site est depuis 20 ans pâturé par quelques chevaux de race tarpan koniks polskis, l’ancêtre des chevaux sauvages européens, qui assurent une gestion douce des milieux ouverts. Seule contrainte, lors des hivers les plus froids, les agents doivent monter le fourrage à traineau. Enfin, de nombreux suivis scientifiques et inventaires de la biodiversité y sont réalisés chaque année afin de s’assurer du bon état de conservation de cette zone.

A l’extrémité du domaine de la Peyroutarié, cet incroyable point de vue qui par temps clair porte jusqu’à la Méditerranée et plus au Sud, jusqu’au massif du Canigou (Pyrénées orientales). Photo © François Collombet

La chapelle de Saint-Martin-du-Froid, refuge en hiver et lieu de pèlerinage

A quelques centaines de mètres du domaine de Peyroutarié, une minuscule chapelle du bout du monde perchée à 1064 m d’altitude ! A-t-elle été posée là, à l’extrême limite du plateau de l’Espinouse pour que les pèlerins venus s’y recueillir puissent entr’apercevoir de très loin un peu de bleu de la mer Méditerranée ? En tout cas, la vue est époustouflante. La chapelle construite en petit appareil, appartient à la période romane : de la pierre du pays et couverte de lauzes. Petite, elle l’est : 10 m de long pour 2,50 m en largeur et 3,50 de hauteur. Un autel rudimentaire y est installé. Une croix de fer forgée signale l’édifice à l’extérieur. Et pourquoi Saint-Martin-du-Froid ? A une telle altitude, cette chapelle isolée devait servir de signal, et dans les jours de tempête, si fréquents pendant l’hiver, elle indiquait la route aux voyageurs égarés. C’était aussi un refuge et un abri contre le froid si mordant sur ces sommets battus par tous les vents.  

Existe-t-il une chapelle romane comme St-Martin-du-Froid, si incroyablement posée ? Elle est à l’extrémité du plateau du massif de l’Espinouse ? C’était un lieu où les voyageurs venaient se protéger des frimas de l’hiver. Aujourd’hui restaurée, la chapelle est un lieu de pèlerinage. Photo © François Collombet

Un pèlerinage annuel, le 25 juillet pour la fête de St Jacques le Majeur

Jusqu’à aujourd’hui, cette chapelle a toujours fait l’objet d’un culte populaire : des tombeaux attestent de l’ancienneté du culte et son rapport avec les morts. Pour s’en souvenir, un sarcophage en grès rouge retrouvé tout à côté y a été déposé. Un texte du XVe siècle fait mention à cet endroit de « San marty d’al frech » et des droits du seigneur d’Olargues. Une première restauration faite par la paroisse de Salvergues date du XIXe siècle, avec bénédiction solennelle en 1886. Une statue de Saint-Martin a été bénite et installée dans la chapelle en 1888. Dernière restauration, entre 2004 et 2007, œuvre de la commune de Cambon et Valbergues (la chapelle est sur le territoire communale). On y vient encore lors du pèlerinage annuel de la fête de Saint-Jacques le Majeur, le 25 juillet puis en août.

Photo de groupe devant la chapelle St-Martin-du-Froid, massif de l’Espinouse. Il est encadré par nos deux technicien(ne) de l’environnement de l’OFB, Mélanie Larue et Pascal Arnaud. Au centre, frère Marie-Pâques. La troisième personne sur la gauche n’est autre que Marie Casares, maire de Cambon et Valbergues (la chapelle est sur le territoire communal). Photo Nitya Fornaresio.

Derrière image face au Caroux, “montagne de lumière” et les gorges d’Héric. Au loin, la vallée de l’Orb, la plaine languedocienne et la mer Méditerranée. Photo © François Collombet