Cathédrales, Abbayes, Châteaux, Ponts…

Olargues, au pied du Massif de l’Espinouse compte parmi les plus beaux villages de France. Cette ancienne place forte implantée sur un véritable promontoire était protégée sur trois faces par le méandre du Jaur. Du pont du Gué se découvrent le pont du Diable et la tour maîtresse surplombant l’accès au château et dont la silhouette coiffée de sa flèche de pierre est visible de partout (Photo FC)

Au pays du patrimoine, du tourisme vert et de la vigne.

A une heure des plages du Cap d’Agde (Méditerranée), quel contraste ! Les Hauts cantons de l’Hérault et la région Grand Orb, au coeur du Parc Régional du Haut-Languedoc, possèdent une nature incroyablement riche, contrastée, préservée. On passe de cette terre rouge de la garrigue à la forêt et à la fraîcheur des lacs et des rivières. Vous faut-il des paysages vertigineux, alors aventurez-vous dans les Causses. La montagne est partout verdoyante. Les vallées (remarquable Vallée de l’Orb !) sont sillonnées de rivières, de ruisseaux et de sources aux vertus curatives (voir les stations thermales d’Avène et de Lamalou-les-Bains). Et puis, le sous-sol est un puits sans fond (!) : bauxite, mines de plomb argentifère, charbon, magnésium, aluminium… (Voir les circuits miniers autour de Graissessac). Comment donc sérier un tel territoire situé en Cévennes méridionales ? D’abord il regroupe 3 vallées, la Mare, le Jaur et l’Orb (fleuve côtier de 136 km de long, plutôt capricieux pouvant avoir un débit supérieur à celui de la Seine à l’entrée de Paris). Ensuite, il est cerné par la Montagne Noire, les Monts du Caroux et l’Escandorgue. Alors, n’hésiter pas à randonner. La place ne manque pas. Les communes de Grand Orb, vous proposent 300 km de sentiers balisés* à travers vallées, monts et coteaux viticoles.

*A pied, à vélo ou à cheval. Entre Bédarieux et Mazamet, pourquoi ne pas emprunter sur 80 km, la voie verte aménagée sur l’ancienne voie de chemin de fer ?

Les 50 km dans le Grand Orb du Chemin de Saint Jacques de Compostelle

Autre possibilité pour les marcheurs, sur le territoire de Grand Orb, cette portion de 50 km du Chemin de Saint Jacques de Compostelle (le Chemin d’Arles ou Via Tolosana). Il passe par Joncels, Lunas, Le Bousquet d’Orb et Saint Gervais avant de continuer vers le Tarn. On parcourt ainsi les dernières étapes méditerranéennes avant de gravir l’Espinouse et la ligne de partage des eaux entre versant Méditerranéen et Atlantique.

Dans une nature totalement préservée, on aperçoit en contrebas, la station thermale d’Avène (Hauts cantons de l’Hérault). Elle est enclavée entre, à l’Ouest les Monts de l’Espinouse, à l’Est les crêtes volcaniques de l’Escandorgue et au Nord les Grands Causses du Larzac. Avène se situe à flanc de montagne des Monts d’Orb et en bordure de l’Orb qui prend sa source à 19 km en amont du village, à Roqueredonde, au pied des falaises du Larzac (Photo FC)

Un patrimoine historique, religieux et industriel à dimension humaine

Quant au patrimoine bâti, il est omniprésent. Il est historique, culturel et architectural. Alors, comment ne pas se plonger avec passion dans ce patrimoine villageois ou plus urbain qu’il soit religieux ou industriel. Il est partout à dimension humaine. Vous découvrirez aussi, les hommes et les femmes qui l’ont restauré, réhabilité et qui animent aujourd’hui tant de sites remarquables :

La chapelle de Nize, dédiée à la Nativité de la Vierge, sur le point d’être restaurée. Cette restauration est l’un des grands défis que s’est fixé Frère Marie-Pâques. Notre Dame de Nize est construite sur un sanctuaire préroman (“monument historique” depuis son inscription en 2001). Elle se situe à Lunas, petite commune des Hauts Cantons de l’Hérault (Occitanie), au sein du Parc Naturel Régional du Haut-Languedoc (Photo FC)

Notre Dame de Nize, le pari fou d’un moine cistercien !

frère Marie-Pâques* vient de l’abbaye cistercienne de l’Île de Lérins; Il fut le moine cellérier de l’abbaye pendant 25 ans). Il relève un sacré défi tout près de Lunas, à l’ouest de Lodève et à l’écart de tout : restaurer et réhabiliter avec les Compagnons du Sens, association qu’il a fondé en 2016, le sanctuaire de Notre Dame de Nize (nom du ruisseau qui borde la chapelle) ; un ensemble très émouvant datant de l’époque romane et préromane avec une chapelle et son clocher, un ermitage, une aire de pèlerinage et une singulière source miraculeuse : la Fontaine des Yeux. Si la restauration de l’ermitage (l’ancien presbytère) et de ses annexes vient de s’achever , il reste la rénovation du clocher (l’élément le plus remarquable car possédant des chapiteaux de style roman primitif) et de la chapelle (encore en service).

Frère Marie-Pâques : le business moine, le sanctuaire et la fontaine miraculeuse – amazed

Daniel Pierson, le défenseur acharné du village fortifié de Boussagues

Un petit peu plus au sud, le long de la Haute Vallée de l’Orb, le bourg médiéval de Boussagues. Impressionnant par ses fortifications, ses deux châteaux du XIIe siècle et ses deux églises médiévales. Ajoutons, cet hôtel particulier qui appartint au peintre Henri de Toulouse-Lautrec (Il n’y mis jamais les pieds mais son fantôme y vient régulièrement). Aujourd’hui, la maison du Bailli a pour propriétaire, Daniel Pierson*, président des Amis du Vieux Boussagues et co-fondateur de Patrimoine Hérault Tourisme. C’est un formidable guide, amoureux de son village, connaissant tout de son histoire. Il reste à découvrir Boussagues : des rochers escarpés et creusés, des ruisseaux, des remparts, des fortifications, des chemins caladés. Les seigneurs de Boussagues ont prospéré grâce aux richesses des mines du bassin houiller ce qui en fit une des plus puissantes seigneuries du Haut-Languedoc. Boussagues comptait alors 1300 habitants. Cette baronnie était organisée avait ses consuls, notaires, bailli, garnison, prison, hôpital ou encore archiprêtre. Le déclin fut provoqué par les épidémies, la guerre de Cent Ans, l’affaiblissement du pouvoir seigneurial et (déjà), un bouleversement climatique.

*Demandez à Daniel de vous raconter la rencontre de Sœur Delphine avec Toulouse-Lautrec. Sœur Delphine n’entends pas que des voix ! En prière sur son prie-Dieu, elle a aussi des visions !

Boussagues, village fortifié était l’une des seigneuries les plus puissantes du Haut-Languedoc avec ses deux châteaux classés ainsi que la maison du Bailli, datant du XIIe siècle. Un village médiéval classé parmi les plus pittoresques du Grand Orb (Photo FC)

Annick Jeanjean, celle qui a su réallumer le Four à chaux de La Tour-sur-Orb

C’est l’un des derniers fours industriels encore existant en Occitanie (inscrit aux Monuments Historiques depuis 2010). Depuis une dizaine d’année, Annick Jeanjean s’est attelée à sa restauration. Tout commence quand Napoléon III, à la recherche d’un charbon de bonne qualité (générant peu de résidu) pour alimenter les chaudières des navires de la marine nationale (se dispensant ainsi du charbon anglais), trouve un tel minerai près d’ici, à Graissessac. Pour l’exploiter, une ligne de chemin de fer Béziers-Graissessac est créée permettant l’acheminement du charbon vers la Méditerranée en 4 h au lieu des 4 jours habituels. Cette construction entraîne de nombreux ouvrage d’art nécessitant une usine de production de chaux. Il est ainsi encore possible de voir près d’un siècle après son arrêt, les quatre fours à chaux distribués autour d’une halle voûtée, la carrière d’où était extraite la pierre calcaire, le tunnel qui reliait la carrière au four et la bluterie où était traité la chaux à la sortie des fours. Toute l’originalité architecturale provient de la halle voûtée en berceau plein cintre qui s’ouvre notamment sur deux réduits également voûtés (voûtes ayant la particularité d’être construite sur des trompes artisanales comme dans les châteaux ou les cathédrales).

Le four à chaux et la safranière de Sandrine et Christophe Maraval

Quelle cohabitation ! de la chaux au safran à la Tour-sur-Orb. Le safran des Hauts cantons, une petite exploitation (au départ, 10 000 bulbes) démarrée en 2011 et le travail d’un couple. La récolte se fait en octobre. Tous les matins, il faut ramasser les fleurs, les émonder et les sécher. Résultat : 200 fleurs pour produire 1 gramme de safran ! Sandrine et Christophe Maraval sont eux aussi les “Hérault” du Grand Orb.

C’est le safran des Hauts Cantons. Il a été planté en 2014 à la Tour-sur-Orb par un jeune couple. 200 fleurs sont nécessaire pour produire 1 gr de safran (Photo FC)

La Tour des anglais (sans doute !), la Tour du Diable (pourquoi pas !) la Tour Carrée de Colombières-sur-Orb, oui mais aussi, la Tour de Lindsay

Lindsay (à son accent, serait-elle anglaise ?) est la présidente de l’association ” Colombières d’hier et d’aujourd’hui “. A son actif, plus de dix ans de travaux pour restaurer cette étonnante Tour Carrée, perdue à flanc de montagne ; ce castrum (caput castri) qui menaçait de s’effondrer. Elle y a mis tout son cœur et toute son énergie. Lindsay est épaulée par l’Association mais aussi par Thérèse Salavin, maire de Colombières-sur-Orb* (466 habitants) et propriétaire de cette Tour Carrée et du château en contrebas qu’elle a transformé en gîtes de charme. Par un document d’archive, on sait que le château des Seigneurs de Carous existait en 1036. Du château, du XIVe siècle, il ne reste que cette Tour Carrée solidement implanté sur un éperon rocheux très abrupt dominant le ruisseau de l’Albine et sa cascade dite voile de la mariée. Du fait de sa position en nid d’aigle, difficile d’accès et son inconfort, il fut abandonné au profit dès le XVIe siècle d’un nouveau château situé en contrebas de l’ancien castrum.

Si Colombières au pied du Caroux, haut de 1091 m, est connu pour sa Tour Carrée, pour ses fameuses Gorges (avec des dénivelés jusqu’à 630 m), le village l’est aussi pour être la terre natale de Jean-Claude Carrière, scénariste et écrivain héraultais, mondialement connu qui y fut inhumé en février 2021.

*Colombières-sur-Orb doit son nom aux grands colombiers, où l’on élevait les colombes (Colombièras). Cette commune qui compte douze hameaux éparpillés, se trouve sur la rive droite de l’Orb et au pied du Caroux. Le ruisseau d’Arles a creusé la roche du massif pour former des gorges étroites et venir se jeter ensuite dans l’Orb, créant un lieu unique appelé tout simplement les Gorges de Colombières.

Colombières-sur-Orb. Paysage spectaculaire dans cette montée empruntant un chemin caladé vers la Tour Carrée (Photo FC)

Du haut de la Tour Carrée, on aperçoit le Château de Colombières-sur-Orb, propriété de la famille Martin-Salavin depuis 200 ans. Ce domaine est situé au pied du Mont Caroux. Il permet de découvrir un des plus beaux cadres du Languedoc Roussillon. Les terres du château sont dominées par la Tour Carrée du XIIe siècle, entourées de bois centenaires de chênes vert et bordées d’un ruisseau où s’alternent gouffres et cascades naturelles. Le château de Colombières-sur-Orb est aujourd’hui un gîte de charme (Photo FC)

Ces maires “Hérault” de leur patrimoine

Il s’appelle Olivier Roubichon-Ouradou. Il est maire de Villemagne l’Argentière et excellent organiste à l’église paroissiale. Cette petite ville située entre Lamalou les-Bains et Bédarieux, doit son nom à la présence de filons argentières émaillant le petit plateau dominant l’agglomération. Rendez-vous en toute logique avec Olivier Roubichon-Ouradou à la nouvelle mairie de Villemagne l’Argentière qui n’est autre que l’Hôtel des monnaies. Les archives rapportent qu’il existait une monéterie sur le territoire de l’abbaye (et non dans l’enceinte du village). Alors pourquoi le surnom de ce bel édifice qui en a perpétué le souvenir ? Il est daté du XIIIe siècle par la facture des chapiteaux. Il semble que son rez-de-chaussée ait contenu boutiques et entrepôts et que son premier étage ait été réservé à l’habitation. A voir aussi les vestiges d’un portail antérieur orné de médaillons et les maisons renaissance aux fenêtres à meneaux. Son aile droite est aujourd’hui occupée par la mairie.

L’église paroissiale est l’ancienne abbatiale

Il n’en reste que le chœur, deux travées de la nef et le clocher du XIVe siècle. Cet ensemble est fermé par un mur construit au XVIIIe siècle, ce qui explique les arrachements et le mode de construction différent de la façade. L’Eglise est gothique, mais dans un style propre au Midi : une large nef unique, sans bas-côté et de profond contreforts entre lesquels ont été aménagées de petites chapelles qui rayonnent autour du chœur (Voir les reliques de St Majan qui furent volées à Lombez, dit la légende, par deux moines de Villemagne, au XIe siècle). A l’extérieur du chœur, des éléments défensifs : mâchicoulis sur arcs entre les contreforts et baies murées, vestiges des combats de la Guerre de Cent ans et des Guerres de religions.

Villemagne l’Argentière : Hôtel des monnaies datant du XIIe siècle. Il semble que son rez-de-chaussée ait contenu boutiques et entrepôts et que son premier étage ait été réservé à l’habitation. Son aile droite est aujourd’hui occupée par la mairie (Photo FC)
Villemagne l’Argentière : de l’ancienne église abbatiale, aujourd’hui église paroissiale Saint-Martin-Saint-Majan, il ne restent que le chœur, deux travées de la nef et le clocher, datables du XIVe siècle (Photo FC)
Monsieur le Maire de Villemagne l’Argentière, Olivier Roubichon-Ouradou ne rechigne pas à se mettre à l’harmonium de son église paroissiale près des reliques de Saint Majan (Photo FC)

Olargues, le bonheur d’un maire à la tête d’un des plus beaux villages de France.

Jean Arcas a de quoi être heureux pour son village (700 habitants). Il est maire d’Olargues depuis 1983 (7e mandat). Il est surtout le maire de l’un des plus beaux villages de France depuis 1992. Bâti sur une butte rocheuse* qu’entoure une boucle du Jaur (à 6 km en amont de sa jonction avec l’Orb), le village est niché au cœur du Parc Naturel Régional du Haut-Languedoc, à 183 m d’altitude, au pied du Massif de l’Espinouse dans un paysage de châtaigniers et de cerisiers où se mêlent la vigne et les oliviers.

*A son sommet, l’ancien donjon du château médiéval a été transformé en tour-clocher.

Olargues dans une boucle du Jaur et au pied du Caroux a été désigné comme l’un des plus beaux villages de France. On voit ce vieux pont de pierre sur le Jaur, appelé pont du Diable. Selon la légende, le diable accepta sa construction en échange de l’âme du premier qui le franchirait. Bien malins, les Olarguais firent passer un chat et… de couleur noir (Photo FC)

Saint-Gervais-sur-Mare, petite cité cévenole bousculée dans la modernité par son maire.

Ici, tout est un peu enchevêtré pour qui n’est pas local. On est toujours dans les Hauts Cantons de l’Hérault mais à la limite du Tarn et de l’Aveyron, aux portes du Parc Naturel du Haut-Languedoc. C’est un gros village de 700 âmes entouré des Monts d’Orb et du Massif de l’Espinouse, dans cette zone de partage des eaux entre versants atlantique et méditerranéen (En venant du Sud, ne passe-t-on pas par le Col des Treize Vents !). Pendant des siècles, le châtaignier (appelé arbre à pain) fit la prospérité de Saint-Gervais*. Comme pour le cochon tout était bon dans le châtaignier. En plus d’être un excellent bois de charpente et de menuiserie, de ses taillis, étaient fabriqués des cercles de barrique, des piquets et des tuteurs pour la vigne. Au XIXe siècle, l’exploitation des houillères prit le relai en assurant la richesse du village jusqu’à la fin des années 1950.

Est-ce parce Saint-Gervais se trouvait sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, la commune ne compte pas moins de huit églises et chapelles ? Cet ensemble est dominé par le castrum de Neyran sur l’autre rive de la Mare (Voir à La Maison cévenole*, les résultats des fouilles archéologiques qui y ont été menées). Bâti sur l’arrête la plus élevé, la chapelle Saint-Pierre abrite contre son flanc, le fameux clocher édifié au XIIe siècle (classé Monument historique dès 1928) et qui vient d’être sauvé.

*La Maison cévenole des arts et traditions populaires est à la fois office du tourisme et centre d ‘interprétation du patrimoine. Elle possède une collection d’objets artisanaux et du quotidien.

La Maison Cévenole à Saint-Gervais-sur-Mare présente les objets du quotidien longtemps en usage dans la vallée du Haut Languedoc. Des panneaux explicatifs et de courts diaporamas commentés permettent de découvrir des métiers anciens (cercliers, sonnaillers…) et l’importance du châtaignier et du charbon dans la culture locale. Une autre salle est consacré au patrimoine bâti avec une présentation du castrum de Neyran, vestige de l’époque médiévale (XIe-XVe siècles), ainsi que l’église pré-romane de Saint-Laurent de Féreyrolles (Photo FC)
Saint Gervais-sur-Mare, vue sur le clocher de l’église Saint-Gervais-Saint-Protais. D’architecture romane, sa partie la plus ancienne est son clocher à deux étages dont la construction commença au XIe siècle, et qui fut inauguré en 1288. Les angles de la tour sont en grès taillé, alors que les murs sont en schiste découpé sur place d’une manière plus grossière (Photo FC)
Jean-Luc Falip maire de Saint-Gervais-sur-Mare sur la terrasse de l’Ortensia, restaurant et chambres d’hôtes qui domine la ville (Photo FC)

Hérépian : pour qui sonnent ces cloches et ces sonnailles ?

Pour ce musée de la Cloche et de la Sonnaille, rendez-vous dans l’ancienne gare d’Hérépian, petite ville de 1500 habitants bordée par l’Orb et la Mare. C’est là dans un décor très épuré et très fonctionnel que Mireille Aninat-Fontès initie les visiteurs aux mystères des sonnailles de tôle cuivrée du monde pastoral, aux grelots et aux clarines en métal fondu. Et pourquoi ne pas aborder avec elle, l’art campanaire ; ces cloches d’église dont les sonneries rythment la vie des villes et des villages ?

Mireille Aninat-Fontès entraine les visiteurs à la découverte de la fabrication et de la symbolique des cloches et des sonnailles. Ce musée de la Cloche et de la Sonnaille, classé Musée de France occupe le site de l’ancienne gare d’Hérépian, en bordure de la Voie Verte « Passa Paï » (Photo FC)

Au départ, la fonderie de cloches Granier. Pour comprendre la présence de ce musée, il faut remonter à 1580, lorsqu’un certain Guillaume Granier d’une famille de cloutiers, se met à fabriquer des sonnailles, destinées aux nombreux troupeaux qui, dans le Midi, effectuaient chaque année la transhumance. Son atelier se situait sur la commune de Saint-Gervais-sur-Mare. Une bonne raison puisqu’on y trouvait les principaux matériaux nécessaires à leurs fabrications*. Dans les années 1920, la fonderie s’installe à Castanet-le-Bas (toujours sur la commune de Saint-Gervais-sur-Mare). La famille Granier y restera jusque dans les années soixante-dix. Mais les difficultés de transport, la fermeture des mines, l’ont conduit à s’installer plus bas dans la vallée à Hérépian. La fonderie fabrique encore aujourd’hui des cloches pour particuliers (propriétés et châteaux), églises, sonnailles (clochettes, grelots) pour animaux, troupeaux.

*Sur le terroir de la commune, présence en effet d’une bonne partie des matériaux nécessaires : le bois de châtaignier des bancs de travail, un filon de terre apte à la cuisson, jusqu’au charbon jadis tiré à flanc de colline sur la propriété familiale. Seules les tôles d’acier et les chutes de laiton s’achetaient dans des circuits commerciaux extérieurs.

De la sonnaille à la cloche d’église. Le musée de la Cloche et de la Sonnaille raconte cette histoire, l’histoire de la Fonderie Granier. On y découvre les secrets des artisans sonnaillers et des maitres fondeurs à travers l’univers de cette ancienne fonderie : la mise à son des sonnailles martelées et encuivrées, la technique de la cire perdue, les profils de la planche à trousser dont dépendront le timbre et la justesse de la note de la cloche, ou encore comment la bille d’acier s’emprisonne dans le grelot de laiton…D’ailleurs, ces fameux grelots qui rythment le carnaval de Rio ne proviennent-ils pas de la Fonderie Granier d’Hérépian ?

Le musée de la Cloche et de la Sonnaille à Hérépian présente les différentes techniques de fabrication, ainsi que les utilisations et l’univers sonore de toutes les productions de l’ancienne fonderie de cloches, propriété de la famille Granier depuis 1600 : les sonnailles de tôle cuivrée du monde pastoral comme sur cette photo, les grelots et les clarines en métal fondu et enfin l’apogée de l’art campanaire : les cloches d’église dont les sonneries rythment le temps (Photo FC)
Hérépian, musée de la Cloche et de la Sonnaille installé dans l’ancienne gare. C’est là dans un décor très épuré et très fonctionnel que Mireille Aninat-Fontès initie les visiteurs au mystère des sonnailles de tôle cuivrée du monde pastoral, aux grelots et aux clarines en métal fondu.

Le Haut-Languedoc, une terre à vignes avec l’IGP Haute Vallée de l’Orb, entre les Terrasses du Larzac au nord, Saint-Chinian et Faugères au sud

La vigne est partout. Au nord de Lodève, à la frontière avec l’Aveyron, la surprenante et nouvelle appellation (AOP depuis 2014), Terrasses du Larzac. En Grand Orb, ce sont des vignobles de montagnes qui couvrent 1400 ha. La vigne est plantée en altitude offrant des vins en appellation IGP Haute Vallée de l’Orb en rouge, blanc et rosé avec une majorité de syrah et merlot (à noter cette belle capacité à produire des vins blancs à partir du chardonnay ). C’est la seule région viticole où, dans un rayon de 10 km, on rencontre presque tous les types de sols viticoles français (du primaire au quaternaire) : sols de schistes, de gneiss, de granite, basaltiques, moraines gréseuses, argilo-calcaires, graves alluvionnaires. Plus au sud, Saint-Chinian-Roquebrun*, le petit Nice de l’Hérault est un des hauts lieux de la Vallée de l’Orb. Située sur un terroir de schistes typique du Languedoc, cette appellation (exclusivement vin rouge) bénéficie d’un microclimat méditerranéen unique et très ensoleillé permettant la culture des orangers, des citronniers, des mandariniers en pleine terre. Le vignoble s’étend sur 600 ha. Les vendanges se font manuellement. Un cépage est emblématique ici, le carignan. Mais une part belle est également faite aux cépages traditionnels tels que le grenache, le mourvèdre et la syrah.

*De part et d’autre de l’Orb, avec les Monts du Caroux en toile de fond, le vignoble de Saint-Chinian s’enroule autour de vingt villages au nord-ouest de Béziers. II alterne un terroir argilo-calcaire au sud et un terroir de schistes au nord. Deux terroirs sont distingués par des appellations communales : Berlou et Roquebrun, aux sols schisteux. La diversité géologique et climatique de ces deux appellations communales de I’ AOC Saint-Chinian confère à chaque vin sa propre originalité, offrant des vins à la robe profonde aux reflets violacés, avec un nez ouvert et explosif.

Vignoble à l’automne, entre Vieussan et Saint-Chinian-Roquebrun avec le massif du Caroux en toile de fond (Photo FC)
Le pont de Saint-Chinian-Roquebrun, ouvrage à 7 arches en pierre de taille datant de 1870, remplace l’ancien bac et ouvre un accès sûr et facile à la rive droite de l’Orb (Photo FC)
L’Orb à Saint-Chinian-Roquebrun est à la fois ange et démon apportant l’eau nécessaire aux jardins et à la vigne. Ce fleuve côtier fait tourner les moulins, tempère le climat mais peut en cas de crues dévaster les basses terres (Photo FC)