Cathédrales, Abbayes, Châteaux, Ponts…

Deauville station balnéaire de la Côte fleurie, à l’aura internationale n’est pourtant qu’une petite ville qui se resserre en hiver à 3500 habitants. Alors, tout se fait à pied, en flânant pour découvrir son exceptionnel patrimoine balnéaire. Qu’il s’agisse de l’hippodrome, des nombreuses villas, manoirs, casinos et hôtel, des établissements de bains de mer, du patrimoine portuaire et bien évidemment, des Franciscaines ! Car ici, tout est proche, tout est à portée du centre et de la gare.

Vue côté Deauville du haut (27 m) d’un des deux belvédères du port de Deauville au niveau de la Presqu’île de la Touques. S’ils ont été imaginés par l’architecte Xavier Bohl, ils existaient bien, il y a une centaine d’années. De la haut, la vue est impressionnante (Photo FC)
A la découverte du patrimoine de Deauville

La genèse de Deauville : il y eut un soir, il y eut un matin…

Au commencement, était le vide, un pays où régnait la déshérence. Au-delà de La Touques, rien que du sable et des marais. Une lande inondée par les crues et les marées montantes. Un lieu désertique où seule, oubliée dans les dunes, émergeait la maison du gardien des feux. Que les eaux qui sont au-dessous du ciel se rassemblent en un seul lieu, et que le sec paraisse. La terre produisit alors de la verdure, de l’herbe et des arbres. S’ouvrait alors les chemins du paradis. Et c’est ainsi que tout commença. Sur ces dizaines d’hectares gagnés sur l’eau, furent placer non des vaches mais des chevaux au point d’inaugurer en 1866, un hippodrome. Très vite, la promesse de ces nouvelles terres asséchées vit arriver une armée d’ouvriers. Les ruisseaux des Ouvres et de Saint-Laurent furent drainés, les dunes arasées. Un réseau de voirie fut tracé et surélevé à 1,50 m au-dessus du niveau des marais. Au cœur de cet immense chantier émergea alors des sables, les toutes premières villas. Puis, ce fut l’engouement. De 1861 à 1866, on s’arracha les lots, pour construire plus beau, plus haut, plus pittoresque, plus luxueux. Si les nouveaux propriétaires enrichis sous le Second Empire, viennent de l’aristocratie, c’est surtout le monde de la finance, de l’industrie et de la politique qui s’entiche de Deauville. Ce 1er juillet 1863, jour d’apothéose. On inaugure la voie ferrée mettant Paris à 4 h de Deauville (et de Trouville). Il y eut un soir, il y eut un matin et le Duc de Morny trouva que tout cela était beau. Et Deauville selon le souhaitait de son créateur devint de plus en plus beau !

Deauville à la recherche de son âme

Les Franciscaines Deauville, la Galerie des Maîtres de la couleur. Yves Klein : Vénus bleue 1962 (Pigment pur et résine synthétique sur moulage en plâtre (Photo FC)

Au bout de 170 ans d’une éclatante réussite, Deauville, perle de la Côte fleurie qui sut s’approprier avec autant de maestria, aussi bien les chevaux de course que la vie mondaine, cette station balnéaire qui n’en finit plus de faire son cinéma, se chercha alors une âme. Elle la trouva chez les franciscaines, un ordre voué à la pauvreté. Celles qui avaient consacrées leur vie aux orphelins décidaient en 2012 de vendre leur couvent (chapelle, bâtiment conventuelles, jardin…) à la ville. En 2021 s’ouvrait Les Franciscaines. A côté du tourisme, et de l’événementiel culturel et sportif, Deauville imagina quelque chose de tout à fait nouveau. Dans les murs qui résonnaient encore du chant et des prières de ces sœurs franciscaines, on faisait naître ici, une nouvelle typologie d’établissement culturel ; un site unique et ouvert, autour d’un projet commun, réunissant musée, médiathèque et salle de spectacle. Quelle parfaite pertinence !

« Un lieu de vie, c’est un endroit où l’on aime rester et profiter de l’espace pour flâner, lire ; étudier, visionner un film, écouter de la musique, faire des recherches… ce n’est pas un lieu dont on a besoin mais un lieu dont on a envie. » Alain Moatti, architecte et scénographe des Franciscaines.

Premières affiches des franciscaines

Deauville sur les chemins du Paradis. Pour s’en convaincre (s’il le fallait), à l’affiche des Franciscaines, une éblouissante exposition : Sur les chemins du Paradis. Un chemin qui croise les 3 religions monothéistes. Un voyage entre imaginaire collectif, croyance et histoire de l’art avec le soutien de manuscrits, peintures, arts graphiques, vidéos, objets d’art. Des artistes d’Occident et d’Orient pour dépeindre le paradis (du IIIe millénaire jusqu’à nos jours) : de Lysippe (Lysippe de Sicyone, sculpteur et bronzier grec, portraitiste attitré d’Alexandre le Grand) à Philippe de Champaigne, de Brueghel de Velours à Bill Viola, de Marc Chagall à Pierre et Gilles.

Deauville dans le bleu de la Vénus d’Yves Klein. Pour inaugurer la galerie des Maître, espace des Franciscaines consacré à des œuvres d’exception, une exposition qui démontre avec des œuvres rarement présentées au public, comment la couleur est devenue fondamentale dans l’histoire de l’art du XXe siècle. D’une œuvre de Pierre Soulages, pour qui « le noir est la première couleur de la peinture », à une sculpture monochrome d’Yves Klein qui affirmait que « le bleu rappelle…ce qu’il y a de plus abstrait dans la nature ». D’autres œuvres sont exposées : Marc Chagall, Sonia Delaunay, Fernand Léger, Joan Mitchell, Serge Poliakoff, Niki de Saint Phalle, Maria Elena Vieira da Silva, Zao Wou-Ki.

Le cheval, la plus belle conquête de Deauville

Entrée de l’hippodrome de la Touques. Deauville est le royaume du cheval avec ses deux hippodromes (les hippodromes de la Touques et de Clairefontaine). Deauville c’est aussi un centre d’entraînement, une salle de ventes de yearlings et un Pôle International du cheval Longines-Deauville dédiés aux sports équestres (Photo FC)

Pas de doute, Deauville a la religion du cheval. Son hippodrome ne se vante-t-il pas d’avoir été construit avant l’église ? Le duc de Morny (1811-1865) passionné de courses (il fut à l’origine de l’hippodrome de Longchamp) et créateur de Deauville voulut que cette nouvelle station balnéaire soit pendant l’été, le prolongement des courses parisiennes. C’est donc lui qui en toute logique impulsa la création de cet hippodrome. Le duc de Morny est un homme puissant. Il est le demi-frère de l’empereur (Napoléon III) par sa mère et petit-fils de Talleyrand par son père. Il a donc à sa botte banquiers et hommes politiques pour mener à bien ses projets. 156 ans après sa mort, Deauville est devenu incontournable : 44 jours de courses par an qui en fait l’hippodrome des Quatre Saisons ; 20 ha de pistes dont une de 2100 m (gazon et sable fibré), un centre d’entrainement au cœur de la pelouse centrale avec plus de 600 chevaux en été. On a recensé 1700 chevaux au départ des courses, 100 jockeys en compétition, 150 entraîneurs.

Depuis les tribunes de l’hippodrome Deauville La Touques. Les diverses pistes, surtout consacrées aux courses de haies et de steeple-chase, couvrent 18 ha et proposent des parcours de 2700 à 3400 m et de 3400 à 4300 m. Les épreuves à plat peuvent se disputer également sur une piste de 2000 m. Ici, au centre des pistes, trois terrains de polo voient régulièrement s’affronter les meilleures équipes au monde (Photo FC)
Les boxes de l’Hippodrome Deauville La Touques. Les chiffres du Meeting de Deauville Barrière recensent 150 courses de chevaux ,par an, 1700 chevaux au départ des courses, 100 jockeys en compétitions et 75 000 spectateurs en année normale. (Photo FC)

Deauville connue pour la vente de yearlings*

Deauville est la première place de ventes de pur-sang en France et la deuxième sur le marché européen. Les ventes de Deauville sont aujourd’hui devenues un véritable label de qualité dans la sphère des courses et réunissent au mois d’août toutes les catégories professionnelles du monde du cheval au cœur de la Normandie.

*Un yearling est un poulain âgé d’un an révolu. Comme les pur-sang sont exclusivement conçus par la monte naturelle (pas d’insémination artificielle, de transfert d’embryons etc.), les poulains naissent en début d’année jusqu’au mois de mai-juin. Ils sont donc âgés de 14 à 18 mois lorsqu’ils passent sur le ring d’Arqana  (groupe né du rapprochement entre l’Agence Française de Vente de Pur-Sang et Goffs France, à l’initiative de plusieurs investisseurs dont l’Aga Khan).

Entrée de l’établissement de vente Elie-de-Brignac : Si son hall en amphithéâtre sert également aujourd’hui de salle de spectacle, l’établissement reste le dernier point de vente de chevaux de Deauville. Un lieu assurément surprenant où des yearlings (ces purs-sangs dans leur deuxième année) se négocient à prix d’or. Des acheteurs venus de toute la France et du monde entier s’y pressent (Photo FC)

Le Deauville du bord de mer avec ses planches, ses parasols, ses cabines, ses bains pompéiens…

Entre les falaises des Roches noires à Trouville au-delà de la Touques et les premières plages de Tourgéville et Bénerville-sur-Mer, dominées par le Mont Canisy (vue imprenable sur tout le littoral, de Ouistreham au Havre), Deauville offre ses 2 kms de sable mondialement connus. En fait, il s’agit d’un vaste espace situé entre la mer, la promenade des Planches et le Boulevard Cornuché. Un espace que l’on nomme aussi les lais de mer immortalisés par Claude Lelouch dans le film Un homme et une femme.

Poste de secours érigé sur la plage de Deauville, devant le Bar du Soleil avec un look très californien. La surveillance est assurée par Dorian Dahmane, nageur sauveteur et Maxime Moulard, chef de poste plus en haute saison, trois CRS maître-nageur (Photo FC)
Les parasols de Deauville. Ils sont 480 et sont plantés chaque saison depuis 1875. Ils sont l’image internationale de la station (Photo FC)
Ces 480 parasols et ces incontournables planches qui font l’image de Deauville

Là, faire l’inventaire de ce qui fait Deauville viendrait à comptabiliser ces quelque 480 parasols donnant une touche colorée reconnaissable immédiatement. Ils font la renommée de Deauville. Ils sont plantés chaque saison depuis 1875 Ils s’établissent aujourd’hui en 5 couleurs unies avec leurs jupes nouées autour.

Ah, marcher sur ces planches ! C’est comme arpenter Hollywood Boulevard. Elles ont été construites en 1923 dans ce bois exotique imputrescible qu’est l’azobé originaire d’Afrique tropicale. A l’origine, elle longeait la plage sur plus de 400 m. Aujourd’hui, elles s’étendent sur près de 700 m.

Les Planches, c’est Deauville. Marcher le long des 643 m de cette promenade est incontournable (Photo FC)
Les fameuses planches de Deauville. Serait-ce une sorte d’Hollywood Boulevard normand puisqu’elles témoignent des plus grands talents du cinéma américain. Sur chacune des lices séparant les cabines, est inscrit le nom d’un acteur, réalisateur ou producteur ayant marqué de son passage, le Festival du Cinéma Américain de Deauville. Il a lieu chaque année en septembre depuis 1975 (Photo FC)
Les bains pompéiens dans leur jus Art déco

Si plusieurs établissements d’hydrothérapie se sont succédé à Deauville dès la création de la station en 1860, l’établissement de bain de mer que l’on voit aujourd’hui, date de 1921. Il a été réalisé dans l’esprit des thermes romains. Il comprend cabines, salles de bain, de sudation, de massage, de repos et un hammam. Aujourd’hui, 450 cabines sont réparties dans neuf cours dont les plus cotées sont celles donnant côté plage sur les fameuses planches.

À Deauville, les bains pompéiens visent le classement au titre des Monuments historiques. Inspirés par les thermes romains, les bains de mer et ses cabines ont été construits en 1923 par l’architecte Charles Adda. 450 cabines de bains réparties dans 9 cours à l’architecture Art Déco (Photo FC)

Casino, quand Deauville joue et gagne

Deauville est imprégné par la presque omniprésence de son casino. Le Casino Barrière Deauville a pour lui d’être l’un des plus beaux d’Europe. Au tout début, un premier petit casino s’était ouvert dès 1864 (à côté du casino actuel). Il sera démoli en 1895. L’idée d’un nouveau casino est relancée à l’aube du XXe siècle par Eugène Cornuché, le fondateur du restaurant parisien Chez Maxim’s. Il sera érigé en 1912 d’après les plans de George Wybo (1880-1943). A bien le regarder, n’aurait-t-il pas un petit air du Grand Trianon du Château de Versailles ?

Face à la mer, l’imposante et élégante façade du Casino Barrière Deauville. Elle est en béton recouvert d’un enduit. Et couronnée d’un étage légèrement en retrait (Photo FC)
Casino Barrière Deauville. La grande terrasse au-dessous du porche avec vue sur mer (Photo FC)

Le Normandy, un mythe, un cottage, un hôtel hors norme

Le Normandy ? C’est une ambiance de cottage anglo-normand avec pignons normands et des draps de lin, des pommiers et des vaches normandes en son jardin. Voici ce qu’en disait son architecte, Théo Petit. Que dire de mieux ! Sa construction s’était achevée pour la saison estivale de 1912. Aujourd’hui, l’Hôtel Normandy est entouré de cours intérieures. La cour principale appelée cour normande, est plantée de pommiers. Sa façade nord-ouest, orientée vers la mer est un concentré d’éléments en saillie comme des loggias et des terrasses. Elles permettent à chaque client de jouir de la vue sur la plage et la mer.

Entrée principale de l’Hôtel Normandy à Deauville, située sur le côté sud-est vers la ville. Elle est précédée d’une cour d’honneur. Ce palace qui a allègrement dépassé le siècle (1912) possède cette architecture de style manoir-cottage anglo-normand à colombages vert pastel et de damiers de pierres, très en vogue à l’époque. Il est aujourd’hui, le fleuron du groupe Barrière avec 226 chambres, 45 suites, et 8 appartements familiaux décorés par l’architecte d’intérieur Jacques Garcia, inspiré du style Belle Époque (Photo FC)
L’une des 9 cours de l’Hôtel Normandy à Deauville donnant sur l’avenue Lucien Barrière (Photo FC)
La cour du Normandy, première moitié du XXe siècle, une huile sur toile du peintre Paul Mascart (1874-1958), Ecole de Rouen. Toile exposée aux Franciscaines à Deauville (Photo FC)

Deauville au hasard de ses villas et de ses rues

Non Deauville n’a pas créé son style architectural pseudo normand mais s’est accaparé une grande variété de genres architecturaux à l’instar de la plupart des grandes stations balnéaires nées au XIXe siècle. Chaque arrivant poussé par la mode des bains de mer y apporta son style, ses rêves et sa réussite sociale. Alors, pas étonnant d’y découvrir des villas, manoirs ou chalets surprenants et très hétéroclites jusqu’à de véritables chefs-d’œuvre. La plupart affiche de la créativité et de la fantaisie sous tous les style qu’ils soient normand, anglais, scandinaves, gothique, mauresque ou historiciste. Le tout premier est le courant Second Empire. Ce sont les édifices les plus anciens et les plus sobres, en briques généralement monochrome ou polychromes. De la pierre taillée, des niches, des pilastres ou bustes ornent les façades avec emploi de terre cuite naturelle ou vernissée, de pierre calcaire et de brique avec faïences colorées (voir la villa Sainte Claire ou la villa Le Cercle). Le style normand reprend l’idée des constructions rurales du pays d’Auge ( pan de bois, appareillages de briques en damier, utilisation du bois peint). Mais dès1920, arrive la normandisation avec de faux appareillages de briques, pierres ou pans de bois simulés en un enduit en béton. Meilleurs exemples de ce style normand : l’hôtel Normandy et surtout la villa Strassburger. Le troisième style architectural est l’Art Nouveau et l’Art Déco qui va se confronter au registre anglo-normand. Le béton brut est privilégié avec utilisation de la mosaïque, de la lave émaillée et de la céramique pour orner les façades.

La Villa Strassburger au milieu d’un parc planté de pommiers renforçant son caractère normand, domine l’hippodrome de la Touques. Monument historique depuis 1975, elle représente le symbole du Deauville de la Belle Epoque. La Villa Strassburger fut construite en 1907 pour le baron Henri de Rothschild, à l’emplacement de la Ferme du Coteau qui appartenait à la famille de Gustave Flaubert. En 1924, elle passait entre les mains de Ralph Beaver Strassburger, éditeur de presse américain et surtout, passionné de chevaux. Ce sont ses héritiers qui ont légué la villa à la ville de Deauville en 1980. (Photo FC)
Arrière de la Villa Strassburger. Le pitorresque de la villa est accentué par la profusion d’éléments architecturaux (tourelles, bow-windows, grande terrasse du rez-de-chaussée) et les décrochements de toitures ornées d’épis de faîtage en céramique. (Photo FC)
La Villa Les Giroflées érigée en 1880, au 16, avenue Général de Gaulle a introduit le style normand dans le paysage architectural de Deauville. (Photo FC)
Les célèbres Arcades, avenue du Général de Gaulle, à deux pas du Casino et des Planches : deux immeubles symétriques associant habitat de villégiature et boutiques avec une galerie aménagée sous les terrasses du premier étage, soutenues par des poteaux en fonte. (Photo FC)
Face à l’entrée de l’Hôtel Normandy, le square François-André aménagé en 1945 à l’emplacement de la mythique villa Gudule (1860). Il a été conçu comme un jardin planté de pommiers et quadrillé de sentiers convergeant vers le buste en bronze de François-André fondateur de l’actuel groupe Barrière, avec son associé Eugène Cornuché (propriétaire du restaurant Maxim’s de Paris, et directeur du casino de Trouville-sur-Mer). Photo FC
Place Morny à Deauville, le célèbre Café de Paris est devenu aujourd’hui Le Hibouville (!). Le groupe Bourdoncle dirigé par Thierry Bourdoncle son nouveau propriétaire qui possède déjà plusieurs adresses prestigieuses en France (le Sénéquier à Saint-Tropez, le Dôme à Paris, le Central à Trouville, Marinette ou le Drakkar à Deauville…) en a voulu ainsi malgré l’opposition des nostalgiques (Photo FC)

Place Morny, la statue du duc de Morny, quelle histoire !

La statue du fondateur de la ville, le Duc de Morny est bien là sur la place du même nom. Initialement en bronze et monumentale, elle ne resta en place que cinq ans (1865-1870) car symbolique de l’ancien régime. Fondue par les Allemands pendant la seconde guerre mondiale, on lui substitua la nouvelle version actuellement en place depuis 1955.

Deauville ou Mornyville*. Deauville doit au duc de Morny son existence. Elle est née par sa volonté au XIXe siècle dans la vague naissante des bains de mer. “Morny en est” formule qui a suffi par magie à débloquer les capitaux et les autorisations (Il était aussi président du corps législatif). Et puis, que pouvait-on refuser au demi-frère de Napoléon III ? Son plan était de réaliser une station balnéaire de renom mais aussi un carrefour d’échange commercial grâce notamment au développement du port et du réseau ferré. Ce fut un rêve de grandiloquence si on prend connaissance de ce qu’écrivait en 1866, le guide Enault : il n’existe pas au monde un emplacement mieux favorisé par la nature pour créer une ville maritime plus grande que New-York, plus belle et plus saine que Londres. La mort prématurée du duc de Morny le 10 mars 1865 plongea Deauville dans la stupeur. Le marché immobilier s’effondra. On vendit à perte. La chute de l’Empire allait briser net et pour longtemps, cet élan créateur.

* Mornyville, nom qu’il avait été envisagé pour Deauville.

Statue en pierre du duc de Morny, place Morny à Deauville. Dès 1867 Deauville avait élevé une statue en bronze, à son fondateur, le duc de Morny. Elle fut déboulonnée à la chute de l’Empire. Pendant l’occupation, les Allemands l’envoyèrent à la fonte. Cette nouvelle version, oeuvre du sculpteur Edmond Moirignot date de 1955. (Photo FC)

Du haut de ces deux belvédères, Deauville vous contemple

Du haut de ces deux impressionnants belvédères de 27 m qui viennent d’être inaugurés, c’est non seulement Deauville qui vous contemple mais aussi Trouville et une bonne partie de la Côte Fleurie. En fait, positionnés à l’entrée du port, au niveau de la Presqu’île de la Touques, ils reprennent l’idée du phare à feu fixe du XIXe siècle représenté sur cliché anonyme, fin du XIXe siècle qui se trouve au musée municipal de Trouville. La tour côté mer, abrite la machinerie de la passerelle basculante et porte la signalétique maritime, pavillons et feux utiles aux bateaux. L’autre belvédère vient d’être ouvert au public offrant après une montée des marches, une vue spectaculaire sur Deauville, Trouville et au de là.

Vue sur Deauville du haut (27 m) de l’une des deux tours belvédères, à l’entrée du port, Presqu’île de la Touques (Photo FC)
D’une des deux tours belvédères, à l’entrée du port de plaisance de Deauville, vue jusqu’à l’hippodrome de la Touques (Photo FC)
A droite, Trouville et les Roches Noires depuis l’une des deux tours belvédères, à l’entrée du port de plaisance de Deauville (Photo FC)

A Deauville, on est tous Friendciscaines

A Deauville, on peut être amoureux mais on reste Friendciscaines (Photo FC)

Comment transformer un couvent, sa chapelle, ses bâtiments conventuels, son jardin sans détruire, en un lieu d’accueil et de partage au service d’une culture pluraliste et transgénérationnelle ?

En un mot, on est émerveillé !

Un défi qui aujourd’hui résonne comme une totale réussite. En un mot, on est émerveillé ! Ce qui est inédit ici, c’est de ne pas séparer les objets d’une culture, œuvres d’art, livres, musique, films, mais de les rassembler dans un même espace. On dit aux Franciscaines que par l’architecture, c’est par le corps et par le déplacement que le visiteur fabrique son chemin de la connaissance. Il y a des espaces ouverts et des espaces fermés, des lieux plus intimes où il est possible de s’isoler. Pour avoir envie de rester, il faut avoir plein de possibilités. Vivre, c’est changer de lieux disait Georges Perec. Les Franciscaines offrent tout cela.

La chapelle des Franciscaines Deauville est devenue un auditorium accessible par le cloître. Sur la première travée, Philippe Normand, directeur culturel du centre présente son livre dont il est co-auteur : Les Franciscaines Deauville, L’imaginaire à l’œuvre (Photo FC)
Aux Franciscaines à Deauville, on circule au milieu des livres et des peintures. Le visiteur ne quitte pas une bibliothèque pour rentrer dans un musée. Livres et tableaux sont proposés dans des espaces communs.(Photo FC)
Le réfectoire des Franciscaines à Deauville. Une seule grande et longue table au milieu des livres. On peut choisir son roman, parmi les 4500 œuvres qui ornent
les murs, mais aussi la formule de restauration qui vous convient (Photo FC)
Rêver d’un déjeuner aux Franciscaines, s’installer sur la terrasse ensoleillée de leur jardin. On est au milieu des livres et des tableaux de maître. Pas besoin de se presser, il y a tant de chose à voir. Peut-être le musée André hambourg, la galerie des maîtres, la galerie photographique ou… (Photo FC)