Cathédrales, Abbayes, Châteaux, Ponts…

Exposition au Musée National de la Renaissance jusqu’au 27 janvier 2025 au château d’Ecouen*

*A 20 minutes en train depuis la gare du Nord (ligne H), puis 15 minutes de marche à travers la forêt ou bus 269.

Au château d’Ecouen, Musée National de la Renaissance, cette exposition sur le portrait équestre à la Renaissance. Ici le portrait d’Henri IV à cheval vers 1611. Huile sur toile (musée national de Pau). Ce très saisissant portrait acquis sur le marché de l’art en 2001 n’a pas encore révélé tous ses secrets. Photo © François Collombet
Le château d’Écouen, château du XVIe siècle dans le Val-d’Oise (à 20 minute par le train de Paris) abrite depuis 1977 le Musée National de la Renaissance. Il expose dans tous les domaines liés à la Renaissance des collections de tapisseries, armes, sculptures, vitraux, céramiques, mobiliers, orfèvreries, peintures. Seul musée en France entièrement consacré à la Renaissance. Photo © François Collombet

Une exposition pour représenter le “bel homme à cheval”

Cette exposition exceptionnelle est présentée dans l’appartement de la reine Catherine de Médicis du château d’Ecouen. Elle est intitulée A cheval : Le portrait équestre dans la France de la Renaissance. Elle met en lumière la symbolique forte et les profondes transformations de la figure équestre au cours de la Renaissance. Elle se décline sous toutes les formes, de la peinture à l’émail en passant par la sculpture et l’estampe.

François Clouet et atelier : Henri II à cheval vers 1555. Huile sur chêne. Photo © François Collombet
Henri IV à cheval vers la gauche de Lodovico Cardi dit Cigoli, vers 1608-1613. Encre brune et lavis sur papier (Musée du Louvre). Photo © François Collombet

A Ecouen cette exposition réunit plus de 160 oeuvres

Cette exposition réunit plus de 160 œuvres provenant d’institutions prestigieuses étrangères et françaises: Windsor – The Royal collection, le musée du Louvre, la Bibliothèque nationale de France, le musée national du château de Pau, les Archives nationales, le musée de l’Armée, la Cité de l’Architecture et du Patrimoine, le musée Carnavalet, et de collections privées.

Le commissaire de l’exposition Guillaume Fonkenell, conservateur en chef du patrimoine au Musée National de la Renaissance devant une gouache sur parchemin collé sur bois datant de 1530 de François Clouet, représentant François 1er à cheval. Photo © François Collombet

Le portrait équestre devient le symbole du pouvoir

Dans la culture occidentale, la figure du cavalier incarne l’exercice du pouvoir. Durant la Renaissance, les grands personnages de la cour de France ont particulièrement recours à ce thème et les artistes à leur service œuvrent à créer des mises en scènes inédites. Issu de la tradition médiévale, le portrait à cheval sur le champ de bataille ou en tournoi reste lié à la chevalerie. L’image équestre, en particulier sur les sceaux, est profondément associée au pouvoir noble, que ce soit pour les hommes ou pour les femmes.

On assiste au renouvellement de la mise en scène équestre

Sous le règne de Charles VIII, les Guerres d’Italie assurent un regain d’intérêt à ce thème. Mais ces guerres sont aussi l’occasion de découvrir un nouveau langage, fondé à la fois sur les grands modèles antiques et sur les inventions littéraires italiennes. Les nouvelles images montrent un personnage sur un cheval majestueux et au pas, à rebours de la fougue chevaleresque, ou bien sur un char. Le portrait réaliste se mêle avec des allégories ou avec le souvenir des empereurs romains du passé. Les grandes fêtes et les entrées royales, où la parade à cheval joue un grand rôle, participent aussi au renouvellement de la mise en scène équestre en peinture et en sculpture

Ces portraits équestres dont il ne reste que l’image ou une tête retrouvée !

Au château de Blois, une statue à la taille réelle de Louis XII

Statue équestre du roi Louis XII. Relevé de la porte du château de Blois. Fin du XVIIe siècle. Plume et lavis. Photo © François Collombet

En 1498, dès son accession au trône, Louis d’Orléans, devenu Louis XII entreprit de faire de Blois, la résidence de sa famille dans le Val-de-Loire, l’un des principaux châteaux de la cour de France. II fit alors reconstruire l’aile d’entrée de la cour principale. Une porte accessible par un cavalier et flanquée d’un passage piéton, permettait de passer de l’avant-cour à la cour principale. Au-dessus de celle-ci, une niche abritait la statue équestre du roi représenté à sa taille réelle. Un cartouche placé juste en dessous contenait un quatrain du poète néo-latin Fausto Andrelini rappelant que le château était le lieu de naissance du roi. La statue en pierre fut abattue par un maçon sur ordre de la municipalité le 20 août 1792.

Au château d’Ecouen au XVIe siècle, une statue équestre (Henri II ?) dominant l’entrée

Jacques Androuet du Cerceau : vue de l’aile d’entrée du château d’Ecouen (tirée des Plus Excellents bastiments de France). 1579, Eau-forte. Photo © François Collombet

Ces impressionnantes têtes seules rescapées de leur statue équestre

Galiot de Genouillac, sa tête échappa à la destruction. L’ascension sociale de Galiot au cœur du cercle royal s’expose dans son château d’Assier (dans le Lot entre Figeac et Rocamadour). Le seigneur d’Assier y montrait sa réussite dès le rez­-de-chaussée, avec, sculptés sur les portes de bois, blason, collier de l’ordre de Saint-Michel et épée de Grand écuyer. Au deuxième niveau, une niche encadrée de colonnes, surmontée d’un arc en plein cintre, abritait la statue équestre de Galiot. Pendant la Révolution, cette effigie dont l’équipement du Grand écuyer et de son destrier arboraient les fleurs de lis royales fut brisée. Quelques éléments du cheval et la tête du cavalier échappèrent toutefois à la destruction.

L’incroyable tête de Jean de la Barre. Le château de Véretz (Indre-et-Loire sur les bords du Cher) selon la description d’un voyageur du XVIIIe siècle, était surmontée d’une statue équestre dont le cavalier tenait une épée et portant une armure dorée. L’apparente jeunesse de son visage le faisait identifier avec Charles VIII ou François 1er. Si la statue a disparu lors des travaux du XVIIIe siècle ou à la Révolution, la tête a été retrouvée au XIXe siècle. En pierre calcaire, elle montre sous la visière relevée du heaume un visage aux yeux peints dont le nez a été écrasé. Le heaume est peu orné mais comporte, sculptés, l’attache en cuir et les rivets servant à le maintenir sur le hausse-col. L’ensemble porte les traces très visibles de la peinture dorée qui le couvrait. Un panache en bois sculpté a été créé dès l’origine pour couvrir la partie arrière du heaume d’un bouquet de grandes plumes peintes en rouge, vert et or qui ne sont pas les émaux des armes familiales mais pourraient correspondre aux couleurs personnelles de Jean de La Barre.

Naissance d’une représentation presque journalistique des événements

La France développe aussi des expériences spécifiques. Durant les Guerres de Religion, la représentation presque journalistique des événements contribue à un nouveau type de portrait à cheval. Le peintre François Clouet crée pour François 1er une image appelée à devenir un véritable modèle : le cheval et son cavalier sont de profil, mais le souverain tourne la tête de trois quarts. La monture, au passage, est
richement caparaçonnée et le roi en armure. Cette représentation est ensuite reprise par tous les rois Valois et par les Bourbons. Elle est même déclinée pour de grands personnages de la noblesse du temps d’Henri IV et elle fait l’objet d’une variante à l’antique à partir du règne de Charles IX. Sous le règne d’Henri IV, le portrait équestre est démultiplié par le biais de l’estampe. Tout en continuant à employer la mise en scène des Valois, les artistes au service des Premiers Bourbons inventent des poses inédites : le roi sur le cheval dressé, le roi à la chasse ou encore le cavalier enfant, lorsque le jeune Louis XIII, âgé de seulement neuf ans, monte sur le trône.

La vie du roi vue d’une manière presque journalistique

Placard sur Henri IV allant à Notre-Dame d’après Nicolas Bollery 1606 Burin (Musée de Pau). Photo © François Collombet

Des statues équestres qui viennent investir l’espace public

Les ambitions de la Renaissance en matière d’image équestre culminent autour de la question de la statue équestre, dont il ne reste malheureusement presqu’aucun exemple en France. Fragments, écrits et dessins, permettent néanmoins d’en saisir l’histoire. C’est tout d’abord une quête de forme qui oscille entre le modèle impérial antique et la figure du cheval dressé expérimentée par Léonard de Vinci. C’est aussi une nouvelle mise en contexte de la statue équestre. Si elle figure aux portes des villes ou des palais ou dans les décors de fête et les entrées royales, elle vient aussi couronner les tombeaux et elle investit tardivement l’espace public, comme la pointe du Pont-Neuf à Paris, ouvrant la voie au grand concept de « place royale », écrin de la statue équestre du souverain, que le XVIIe siècle fera triompher.

Portrait de cavalier dit de Gaston d’Orléans vers 1630-1635. Huile sur marbre coquillier Château musée de Blois. Photo © François Collombet

Ce cavalier est représenté en scène, dans un carrousel plutôt que sur un champ de bataille. Le décor semble inspiré des gravures de Passe*, mais avec un caractère plus monumental et moins anecdotique. II porte le souvenir du triomphe impérial et de la bravoure du condottiere, dans une formule neuve, participant de la fête sous les Bourbons.

*Crispin de Passe né en 1564 et mort en1637, est un dessinateur et éditeur néerlandais.

Commençons par Rabelais “Que toute sa vie, il fût bon chevaucheur”

Parcourir cette exposition c’est découvrir une civilisation équestre. A la Renaissance, le cheval est le moyen de locomotion principal. II est présent au quotidien que ce soit pour travailler, pour se battre ou pour les grandes parades. Pour les élites de la noblesse, le cheval est donc un attribut essentiel. Cette civilisation équestre, qui se passionne pour l’équitation, l’hippologie, le dressage des chevaux et Ia sélection des plus beaux d’entre eux, se met donc en scène à cheval, traduisant ainsi ce qu’elle est, mais aussi souvent ce qu’elle voudrait être. Comme le géant Gargantua le souhaite pour son fils Pantagruel, l’objectif de tout homme noble est « que toute sa vie il fût bon chevaucheur ».

Ouvrant l’exposition, Les chevaux du Quirinal vus de dos (eau-forte et burin) Rome 1546. Photo © François Collombet

Etudier l’Antiquité ne consiste pas à oublier le Moyen Âge et la Renaissance reste marquée par l’idéal de la chevalerie qui constitue un code de conduite pour la noblesse. Les figures de cavalier sur les sceaux témoignent de cette continuité. Les grandes œuvres de la Renaissance italienne constituent des modèles que les artistes français s’efforcent d’imiter, sans toujours clairement comprendre ce qui relève de la source antique et de l’inventivité créatrice de leurs homologues italiens.

Arthur vers 1550, émail (de Martial Ydeux, dit Pape). Cet Artus roi de Bretagne en chevalier de la Table ronde est une figure légendaire d’après les romances médiévales. Il aurait vécu à la fin du Ve siècle. Photo © François Collombet

De 1494 à 1559, la France s’engage dans une politique militaire offensive fondée sur la revendication par héritage de grands territoires en Italie, le royaume de Naples, pour commencer, puis le duché de Milan. Ces conflits sont marqués par le développement d’une guerre moderne, très meurtrière, où l’artillerie et l’infanterie jouent souvent un rôle déterminant. Toutefois, la force du modèle chevaleresque explique que le cavalier continue à dominer dans les représentations.

François Bontemps. Bas-relief du soubassement du tombeau de François 1er à Saint­-Denis : la bataille de Marignan,1551-1552, marbre, représenté par un moulage, XIXe siècle, bronze, Paris, musée de l’Armée. Photo © François Collombet

Les frises du tombeau de François 1er sont consacrées à la première et à la dernière campagne militaire menées par la France en Italie. On y voit deux grandes batailles dont celle de Marignan en 1515. Ces scènes sont complétées par des triomphes et par des portraits individuels des grands chefs militaires.

Léonard de Vinci et ses études pour un monument équestre

Léonard de Vinci Etudes pour un monument équestre. Vers 1517-1519. Pierre noire et plume sur papier (H.22,4 ; L. 16 cm). London, Windsor Castle, The Royal Collection Trust. Photo © François Collombet

L’analyse des papiers et du style de plusieurs des dessins de léonard de Vinci a permis d’identifier parmi ses figures équestres un groupe exécuté durant le séjour de l’artiste en France, qui commença en 1516 et s’acheva avec sa mort en 1519. Ce groupe se caractérise par l’emploi de papiers fabriqués en France et par une technique à la pierre noire qui donne des dessins plus ou moins estompés et légèrement flous. léonard de Vinci y reprenait des études qu’il avait effectuées pour Sforza et Trivulzio, en particulier l’étude parallèle des deux allures du cheval, dressé ou au passage. La numérotation apposée sur les dessins par Melzi (son élève) après la mort de léonard confirme d’ailleurs que des esquisses milanaises avaient été emportées en France.

L’entrevue du camp du Drap d’or entre François 1er et Henri VIII d’Angleterre, du 7 au 24 juin 1520

Bas-relief de l’Hôtel de Bourgtheroulde à Rouen : François 1er et Henri VIII d’Angleterre se saluant lors de l’entrevue du camp du Drap d’or. 1520-1532. Scène représentée par un moulage de l’atelier du musée du Louvres, 11886, plâtre patiné. Photo © François Collombet
La duchesse de Bar à dos de mulet vers 1485-1500. Plume et aquarelle sur parchemin, Paris, Bibliothèque de l’Arsenal. Photo © François Collombet

Après la mort accidentelle du roi Henri II en 1559, lors d’un tournoi, la monarchie française est affaiblie et le pays miné par les guerres civiles qui opposent Catholiques et Protestants. Le compte-rendu en images des événements, ancêtre du journalisme, offre de nouvelles occasions de portrait à cheval. Si certains portraits sont donc plus réalistes, d’autres au contraire sont plus héroïsés.

Henri IV à la bataille d’Arques (1589)

Henri IV à la bataille d’Arques de Jacob Bunel vers 1610. Huile sur bois. Musée national de Pau. Photo © François Collombet

1589, les forces de la Ligue subissent un lourd revers. Dans ce combat victorieux, Henri IV a su payer de sa personne, et le choc de cavalerie offre au peintre une série d’oppositions appuyées. Visage découvert le roi et ses partisans avancent l’épée à la main, portant écharpes et chapeaux à plumets blancs d’une élégance raffinée, contre le rang serré des ligueurs en armure, lances en avant le casque surmonté d’un plumet rouge comme leur écharpe. Même les chevaux cabrés ou renversés sont puissamment affrontés.

Henri IV à cheval 1609 Léonard Gaultier burin. Photo © François Collombet

Avec l’avènement du roi Henri IV, la dynastie des Bourbons succède à celle des Valois. Le nouveau souverain doit renforcer son autorité, en particulier par l’image. Contesté en raison de son passé protestant, il conquiert son trône par les armes, ce que commémore une série de petits tableaux de bataille. Henri IV, qui n’est qu’un lointain cousin du roi Henri III à qui il succède, reprend les mises en scène imaginées du temps des Valois pour créer le sentiment d’une continuité dynastique. En 1610, l’assassinat du Roi qui s’est déroulé alors qu’il se rendait en carrosse chez son ministre Sully, donne lieu à une nouvelle mise en scène du souverain. L’imagerie populaire s’empare du portrait équestre.

Léonard Gaultier graveur officiel de la cour de France sous Henri IV

On voit le roi lauré, en armure, écharpe au vent, sur un cheval paré foulant les armes des vaincus devant un arrière-plan militaire.

Réconciliation entre Henri IV et l’église catholique

Ce portrait d’Henri IV a été gravé en Italie et témoigne de la réconciliation entre Henri IV et l’église catholique à partir de 1593. II s’agit d’un modèle très nouveau de représentation du Roi, sur un cheval dressé vue presque de face, qui a eu une influence majeure sur les portraits équestres du XVIIe siècle, conçus par Rubens, Vélasquez et Van Dyck.

Antonio Tempesta (graveur) et Nicolaus van Aelst (éditeur). Henri IV sur un cheval dressé, 1595, eau forte, Pau, Musée national du Château de Pau. Photo © François Collombet

Sous Henri IV, le portrait équestre connaît un développement quantitatif sans précédent, en particulier par l’estampe. Plusieurs de ces portraits sont très novateurs, en montrant le roi sur le champ de bataille ou en chasseur, ou en adoptant une mise en scène sur un cheval dressé

Après l’assassinat du Roi, son fils Louis XIII n’a que huit ans. Il faut adapter le portrait équestre pour mettre en scène de manière grandiose ce roi enfant. Louis XIII bénéficie également d’un enseignement où la pratique équestre occupe un rôle central, et où l’on chercher à former « le bon et le bel homme à cheval ».

Présenté par Guillaume Fonkenell, commissaire de l’exposition, ce Louis XIII à cheval, jeune (Terre cuite émaillée vers 1610-1615), tête nue et portant fraise. Il a le visage d’un garçon entrant dans l’adolescence. La position du cheval comme celle du cavalier, qui est chaussé d’éperons, suggère celui d’un officier passant sa troupe en revue, activité qui plaisait fortement au jeune roi. Photo © François Collombet

Le roi Louis XIII place des Vosges

Le roi Louis XIII, à cheval, galope vers la droite (1614-1623), burin. Une scène qui fait référence aux grandes fêtes et au tournoi s’étant tenus en 1612, sur la place des Vosges à Paris. C’est aussi un portrait de la société de cour entourant le jeune roi et un exposé des valeurs de la noblesse. Photo © François Collombet

Pour le portrait équestre, la statue de grande taille constitue à la fois un achèvement, et aussi souvent un rêve inaccessible. Un tel projet exige en effet des moyens financiers, un engagement sur un temps long, des connaissances techniques nécessaires pour assurer la stabilité d’une statue en pierre ou la fonte d’un grand bronze. II faut aussi pouvoir rendre l’anatomie du cheval et les traits de son cavalier. Au début du

Léonard de Vinci va travailler en France sans doute pour François 1er sur le projet d’une statue équestre qui aurait pu être deux fois plus grande que la taille réelle. Photo © François Collombet

XVIe siècle, le portrait équestre français est généralement placé au­ dessus de la porte d’entrée du château. Les mises en scène funéraires, fréquentes en Italie, sont en revanche beaucoup plus rares.

La statue équestre, sujet majeur pour Léonard de Vinci

Statue équestre, un des sujets majeurs pour Léonard de Vinci qui s’y intéresse pour la première fois au début des années 1480 à l’occasion d’une commande de Ludovico Sforza à Milan. II étudie d’abord un cavalier sur un cheval dressé avant de proposer une figure monumentale au trot plus de deux fois plus grande que la taille réelle. Ce projet n’aboutit pas à cause du renversement de la dynastie des Sforza, mais il est repris, toujours sans succès, pour un militaire au service de la France, Gion Giacomo Trivulzio. Léonard de Vinci* y travaille encore en France où il réside de 1516 à 1519, sans doute pour François 1e.

*Léonard de Vinci, Études (ci-contre) pour un monument équestre, vers 1517-1519, pierre noire sur papier, Londres, Windsor Castle, The Royal Collection trust,© Royal Collection Enterprises Limited 2024 I Royal Collection Trust

La statue équestre, ce modèle antique ressuscité par les Italien au XVe siècle

Les commanditaires français sont marqués par le modèle antique en bronze, et par la manière dont les Italiens ont réussi à le ressusciter au cours du XVe siècle. II faut cependant attendre le début du XVIIe siècle pour voir aboutir les premières grandes statues de ce type en France. La plus remarquable d’entre elles, celle du roi Henri IV à la pointe du Pont Neuf, est l’œuvre de l’atelier florentin de Giambologna.

Trop symboliques à la Révolution, elles sont massivement détruites

L’impact symbolique des statues équestres explique qu’elles aient été victimes d’une massive campagne de destruction durant la Révolution française et la plupart ne sont plus aujourd’hui connues que par des fragments, des relevés ou des vues anciennes.

L’incroyable histoire de la statue équestre d’Henri IV sur le pont Neuf

Projet pour la statue équestre de Henri IV (vers 1608-1613) de Lodovico Cardi dit Cigoli. Plume et lavis sur papier (Musée du Louvre). Photo © François Collombet

L’immense statue est installée sur le pont Neuf à Paris en 1614

Commandée par la reine Marie de Médicis en 1605, la grande statue de bronze d’Henri IV a été installée à Paris en 1614, quatre ans après la mort du Roi. Elle est issue de l’atelier florentin de Giambologna et a été achevée après la mort du maître en 1608 par l’un de ses successeurs les plus doués, Pietro Tacca. Cet atelier était riche de l’expériences d’autres statues équestres en bronze : celle de Cosme le Grand de Médicis, de Ferdinand de Médicis, mais aussi du roi d’Espagne Philippe III. Détruite à la Révolution française, il ne reste de cette œuvre que quelques fragments. Cette œuvre reprend partiellement vie lors de cette exposition grâce à une nouvelle présentation en volume de ses fragments.

L’exposition d’Ecouen reconstitue fragment par fragment, une partie de la statue équestre de Henri IV

Fragment de ta statue équestre de Henri IV sur le pont Neuf. On y voit l’antérieur gauche du cheval, l’avant-bras droit de Henri IV, la main gauche et l’élément du collier de Henri IV. Bronze. Vers 1608-1611 (Musée du Louvre). Photos © François Collombet

Statue équestre en bronze de Henri IV sur le pont Neuf. Elle a été inaugurée en 1818 et remplace une première commandée par Marie de Médicis en 1614 mais abattue en 1792. Elle est située à la pointe de l’Île de la Cité. Photo © François Collombet